Dans "Prisons de France", le sociologue Farhad Khosrokhavar a relancé le débat sur la surreprésentation des individus issus de l'immigration en prison.
Les ressortissants étrangers représentent près de 18% des personnes écrouées en France, alors qu'ils ne constituent que 6,4% de la population présente dans l'Hexagone.
À la veille de la parution d'une enquête du sociologue Farhad Khosrokhavar, Prisons de France, le quotidien Le Monde a relancé le débat en affichant sur un article au titre sans équivoque : "Pourquoi les enfants de l’immigration sont surreprésentés en prison ?".
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Les chiffres communiqués par le contrôleur général des prisons démontrent en effet que les personnes d'origines étrangères sont trois fois plus nombreuses en prison.
Dans son enquête, Le Monde énumère plusieurs facteurs pouvant expliquer cette anomalie statistique.
On observe en effet que les détenus d'origines étrangères sont sensiblement plus représentés dans les maisons d’arrêt - réservées à la détention provisoire et aux peines inférieures à deux ans - et dans les établissements pour mineurs, où leur proportion atteint 29%.
Selon le sociologue Laurent Mucchielli, cité par Le Monde, il s'agit de la conséquence d'une politique pénale "socialement discriminante". Les auteurs d'actes de petites délinquances ont beaucoup plus de chances d'écoper de peines de prison ferme que des fraudeurs fiscaux.
Une discrimination sociale qui se confessionnalise derrière les barreaux
D'autre part, à délit équivalent, le risque de peine de prison ferme est huit fois plus important pour une personne jugée en comparution immédiate, ce qui arrive trois fois plus souvent à une personne née à l'étranger.
Enfin, Laurent Mucchielli soulignent trois facteurs qui expliquent la surreprésentation des populations issues de l'immigration en prison : la sphère familiale (et plus particulièrement les fratries nombreuses), l’échec scolaire et les quartiers défavorisés.
Le rapprochement entre les origines étrangères et leur confession, avec l'islam en ligne de mire, est difficilement justifiable.
Il convient de souligner cependant que "les conditions sociales se culturalisent, se confessionnalisent" confie Farhad Khosrokhavar.
Face à la dernière promotion de surveillants de l’École nationale d’administration pénitentiaire le 6 octobre dernier, Manuel Valls pouvait ainsi souligner que la situation "rend indispensable l’évolution de [leurs] métiers, d’abord en matière de lutte contre la radicalisation".
RTL
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