Trente-quatre détenus de centre de détention de Châteaudun sont privés de soins ophtalmologiques, dénonce l'observatoire des prisons.
Bon pied, mauvais œil. 34 détenus du centre de détention de Châteaudun (Eure-et-Loire) étaient privés de soins ophtalmologiques en septembre, d’après un rapport de l’Organisation internationale des prisons.
Tous sont sur une liste d’attente du fait de la pénurie de médecins spécialisés qui touche le département.
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"Je demande, en vain depuis vingt-sept mois, un rendez-vous avec un ophtalmologue. Je ne vois plus assez pour lire et pour écrire", signale à l’OIP au mois de juin 2016 Manuel, détenu au centre de détention de Châteaudun.
"Grave pénurie médicale"
Saisie par l’organisation, l’unité sanitaire confirme le 23 août 2016 avoir "une liste de trente-quatre personnes en attente de consultations", dont "certains depuis janvier 2014".
Parmi ces patients en attente, "quatre diabétiques" pour lesquels un fond d’œil doit être pratiqué "tous les ans ou tous les deux ans".
D’après l’Agence régionale de santé (ARS), explique l'unité sanitaire, il s’agit d’une situation "à laquelle il est très compliqué de remédier" car le département "connait une grave pénurie médicale" en médecins généralistes et spécialistes.
Francois Bès, membre de l’OIP, explique à l’Obs :
"C’est un problème grave et il y a peu de possibilités. Il ne s’agit pas seulement du manque d’ophtalmologues dans ce département. Dans les prisons françaises, il manque par exemple, des kinésithérapeutes, des soins dentaires et évidemment des psychologues."
Des permissions de sortie pour raison médicale ?
Les solutions sont rares. Une des possibilités serait d’accorder d’avantage de permissions de sortie pour raison médicale. Cela permettrait de désengorger la liste d’attente en permettant aux personnes éligibles de consulter dans les villes ou les hôpitaux des départements voisins.
Dans un rapport conjoint, rendu public en mai dernier, les inspections générales des affaires sociales (Igas) et des services judiciaires (IGSJ), dressent un état des lieux accablant de la prise en charge sanitaire des personnes détenues. Elles pointent notamment une "offre de soins est très disparate et encore insuffisante" et recommandent une utilisation plus large des permissions de sortie pour raison médicale d’une journée.
D'après la loi, le service public est en charge d’assurer les examens de diagnostic et les soins, en milieu hospitalier tout comme en milieu pénitentiaire. François Bès conclut : "On est loin de la loi de 1994 qui stipulait que l’accès aux soins dans les prisons serait le même que dehors."
l'Obs
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