Un nouveau dispositif pénitentiaire axé sur la réinsertion -qui sera officiellement présenté prochainement par Nicole Belloubet, la ministre de la Justice- sera construit à Montpellier et accueillera 150 détenus sur un terrain de 6 000 m2 de la Ville de Montpellier au lieu-dit Puech Villa, sur le site Nord d’Euromédecine.
Cette « structure d’accompagnement des détenus » qui ouvrira en 2022 aura l’allure en fait d’une prison, mais, sans mirador, sans filin anti-évasion et avec des chambres individuelles pour des prisonniers libérables triés sur le volet. La prison modèle et idéale du futur ?
« Montpellier est l’une des premières communes en France à avoir adopté le dispositif », a relevé ce lundi, Pierre Pouëssel, le préfet de l’Hérault, en présence de Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de la métropole, évoquant « des échanges positifs pour finalement trouver un terrain sur les trois proposés, dont deux dans la commune de Villeneuve-lès-Maguelone, sur le foncier de Puech Villa, conservé par la Ville de Montpellier ».
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Cette « structure d’accompagnement des détenus » sera rattachée à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, mais pourra accueillir des détenus du centre pénitentiaire de Béziers. Les travaux de cette prison urbaine devraient débuter en 2020, à Puech Villa donc, sur des parcelles mitoyennes de la rue de la Valsière, pas très loin de la route de Ganges. 150 chambres individuelles seront construites. L’État prend en charge la totalité du financement, à savoir un budget de 12 M€.
« L’objectif est de préparer les détenus à la sortie, en favorisant la réinsertion sociale et professionnelle des détenus en fin de peine et de condamnés à moins d’un an d’emprisonnement. Mais, ce ne sera pas une prison ouverte, les détenus se trouveront sous le régime de la privation de liberté », explique Louis Perreau, directeur interrégional adjoint des services pénitentiaires de Toulouse, dont dépend la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone.
80 agents recrutés
« Ces détenus devront réunir des caractéristiques bien précises, ajoute Pierre Pouessel, Ils devront présenter un faible risque d’évasion, être capable de s’adapter à la vie en collectivité, nécessiter un accompagnement soutenu vers la sortie et être en capacité de s’inscrire dans un parcours de formation et/ou d’accès à l’emploi. Ils seront encadrés par 80 agents pénitentiaires recrutés spécialement pour le projet, les prisonniers devront aussi être en capacité de s’inscrire dans un parcours de formation, ou d’accès à l’emploi. Et si l’un des détenus ne respecte pas le règlement, il retournera en maison d’arrêt ».
Cette prison, sorte d’intermédiaire entre le milieu fermé et le milieu ouvert sera construite en zone urbaine, à 500 mètres d’un arrêt d’un tramway, et non en périphérie, « pour permettre aux partenaires de la réinsertion, comme Pôle Emploi, la CAF, la CPAM, l’Éducation, les avocats, les associations de détenus et des familles de bénéficier d’un accès rapide au centre, ainsi que de maintenir les liens sociaux et familiaux des détenus », précise le préfet de l’Hérault.
« Un établissement utile »
Le projet avait été gardé secret jusqu’à aujourd’hui, « La garde des Sceaux, Nicole Belloubet venue récemment l’évoquer lors d’un de ses déplacements ici, avait demandé de ne pas l’ébruiter, avec le préfet, nous avons gardé le silence révèle Philippe Saurel, Vous savez, les grincements de dents, j’ai l’habitude ».
L’élu réagit ainsi à d’éventuelles réactions de l’association de quartier Puech Villa-Les Bastides et des riverains du terrain, où sera édifié cet établissement pénitentiaire d’un nouveau genre. « Cet établissement est utile. Nous ne pouvons pas traiter la sécurité uniquement par le biais de la répression, il faut aussi songer à la chaîne de la prévention et de la réinsertion. Ce projet témoigne de notre engagement pour accompagner chaque personne vers une situation stable », commente t-il. Philippe Saurel se réjouit par ailleurs de constater que ce projet va permettre la création de 80 emplois ici.
« Nous sommes à la disposition des collectivités pour aller à la rencontre des habitants, pour leur expliquer le projet et balayer mes inquiétudes. un périmètre de sûreté sera mis en place, afin d’éviter les éventuelles nuisances pour le voisinage » promet Sébastien Faure de l’Agence publique de l’immobilier pour la Justice, venu de Paris.
Projections impossibles depuis l’extérieur
Ce bâtiment de 6.000 m2 n’aura donc rien d’une traditionnelle prison. Pas de mirador, ni de filin anti-hélicoptère, ni projections depuis l’extérieur. Le phénomène des jets de drogue, de bouteilles d’alcool et de téléphones portables depuis les murs d’enceinte dans la cour de promenade des prisons est récurrent, notamment à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone.
Les clôtures seront discrètes, et le projet sera imaginé « pour s’insérer dans son environnement urbain. L’architecture du centre aura une apparence moins carcérale, qu’une maison d’arrêt traditionnelle, comme celle de Villeneuve-lès-Maguelone », assure Sébastien Faure.
Surpopulation carcérale
Ces prisons urbaines futuristes -il y en aura deux implantées en Occitanie, la seconde sera construite près de Toulouse-, revêtiront l’avantage de répondre à la surpopulation des prisons : « Le taux de la surpopulation carcérale dans les prisons d’Occitanie est de 150%. Il y a à ce jour 6 000 détenus pour 4 400 places. Les prisons de Villeneuve-lès-Maguelone et de Béziers figurent parmi les plus touchées, observe Louis Perreau, Même si ce n’est pas l’objectif principal, cela permettra de faire baisser la tension sur les effectifs ».
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