Depuis l'évasion de Redoine Faïd en juillet, la garde des Sceaux demande à Google de retirer de ses cartes les photographies aériennes de certaines prisons françaises.
D'après nos estimations, au moins 51 d'entre elles sont toujours visibles.
Visionner sur Google Maps une prison comme on visionnerait un bar ou son propre logement. Ce mardi, la ministre de la Justice s'est emportée au micro de RTL contre le géant Google qui ne floute toujours pas les vues aériennes de nombreuses prisons françaises.
Et ce, alors que Nicole Belloubet lui en a déjà fait la demande en juillet, à la suite de l'évasion de Rédoine Faïd.
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Le 1er juillet, lorsque le braqueur multirécidiviste effectue une spectaculaire évasion de la prison de Réau en Seine-et-Marne à bord d'un hélicoptère, les enquêteurs comprennent rapidement que le centre pénitentiaire est visible directement depuis Google Earth.
Cette fonctionnalité du moteur de recherche permet de voir une cartographie du monde entier en vues aériennes. Si l'internaute effectue plusieurs zooms, il peut distinguer nettement les différents bâtiments qui composent la prison, les terrains de football, les cours ou les enceintes.
Une anomalie, alors que Réau appartient aux «zones interdites à la prise de vue aérienne par appareil photographique, cinématographique», selon l'arrêté inscrit au Journal officiel du 31 octobre 2017.
D'après les vérifications du Figaro, 51 établissements pénitentiaires appartenant à cette liste ne sont pas floutés sur Google Earth. Parmi eux, des maisons centrales accueillant des détenus dangereux comme celle de Poissy (Yvelines) ou d'Ensisheim (Haut-Rhin). À l'inverse, d'autres prisons sont bien floutées comme l'exige le décret, notamment celle de Fleury-Mérogis où se trouve notamment Salah Abdeslam, le seul survivant du commando des attentats du 13 novembre à Paris.
Des images de «fournisseurs extérieurs, publics ou privés»
«J'ai écrit à Google pour demander qu'il y ait des mesures qui soient prises pour retirer ces établissements pénitentiaires» des services de cartographie de Google, a donc déclaré dans la matinée Nicole Belloubet, regrettant que ses demandes n'aient pas encore abouti.
«Je vais demander à rencontrer les personnes qui sont en charge de ces questions-là. Je trouve que ce n'est pas normal que des établissements sécurisés comme nos prisons se retrouvent sur internet», a-t-elle fait savoir.
De son côté, le porte-parole de Google France a réagi auprès de l'AFP en insistant sur le fait que Google Earth et Google Maps agrègent des images «qui proviennent de divers fournisseurs extérieurs, publics ou privés.»
L'entreprise assure avoir transmis à ses fournisseurs «une liste de sites sensibles, en leur demandant de prendre les mesures nécessaires afin de nous transmettre des images conformes à la législation en vigueur dans les plus brefs délais.»
L'arrêt ne précise en revanche pas la sanction encourue pour son non-respect. Ce qui peut expliquer que Google ne s'empresse pas à répondre à la demande de la garde des Sceaux.
Le Figaro
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