Pour répondre à une demande pressante des surveillants pénitentiaires, Dimitri Houbron (LREM) et Xavier Breton (LR) proposent de renforcer les moyens pour fouiller les détenus.
Ils misent sur le développement de scanners et de brouilleurs nouvelle génération tout en reconnaissant l'absence de solution "miracle" dans un contexte pénitentiaire tendu.
Comment limiter le trafic illégal d'objets dans les 187 prisons françaises ? Un rapport parlementaire présenté mardi s'attaque à cette question plus complexe qu'il n'y paraît.
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Par exemple, la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, plus grand centre pénitentiaire d'Europe, organise chaque jour 740 parloirs. Chaque semaine, près de 10 000 sacs de linges y circulent. Chaque année, 80 000 avocats et 190 000 familles entrent en contact avec ses 2 855 détenus...
Téléphones portables, drogues, armes blanches... Au total, en France, ce sont plus de 90 000 objets qui ont été saisis en 2017 par le personnel pénitentiaire à proie à une montée régulière des violences.
Pour les auteurs du rapport, Dimitri Houbron (LREM) et Xavier Breton (LR), la difficulté à réguler l'entrée d'objets "dangereux et illicites" contribue au climat délétère qui règne dans nos prisons :
Les revendications des organisations syndicales de surveillants relatives aux fouilles sont liées à l’augmentation des violences subies au quotidien par l’ensemble des intervenants en détention.
Rapport parlementaire
Chiens policiers et portiques high tech
Les députés plaident donc pour le renforcement des moyens à la disposition des chefs d'établissements et des surveillants.
Parmi les pistes retenues, le développement des "unités cynotechniques" - des chiens policiers -, une solution qui a fait ses preuves :
Tous les interlocuteurs entendus par la mission ont constaté l’efficacité des équipes cynotechniques pour lutter contre le trafic d’objets illicites et dangereux et plus particulièrement contre le trafic de stupéfiants – qui ne sont pas détectés par les portiques de détection de masse métalliques.
Rapport parlementaire
Les députés veulent aussi aller plus loin dans les systèmes de détection. Aujourd'hui, la plupart des prisons disposent de portiques de détection de métaux et de bagages par rayon X.
Les parlementaires veulent désormais développer les "portiques à ondes millimétriques". Cette technologie de pointe permet la détection de matières (métaux, liquides, céramique, etc.) dissimulées dans les vêtements ou à la surface de la peau de la personne contrôlée.
Elle nécessite néanmoins du personnel formé et prend "4 à 5 minutes" pour scanner chaque détenu, qui doit "tourner sur lui-même doucement en levant les bras et les jambes". En cas de doute, l'opération doit être renouvelée...
Ces portiques ne sont donc pas adaptés à tous les types d'établissements. D'ailleurs, le rapport révèle que celui du centre pénitentiaire de Fresnes n'a tout simplement jamais été utilisé, "faute de temps et faute d'être adapté à la gestion de flux importants de détenus" !
Un gâchis au regard du coût d'achat d'un tel dispositif (162 000 euros pièce, sans compter les frais de maintenance - 16 000 euros par an).
Dimitri Houbron et Xavier Breton recommandent néanmoins de répandre leur usage, à condition d'évaluer "systématiquement" chaque portail après son installation.
Des brouilleurs encore à l'étude
Alors que la ministre de la Justice a promis de généraliser les lignes de téléphone fixe dans les 45 000 cellules de France, les députés estiment que ce déploiement doit aller de pair avec la généralisation des brouilleurs de téléphones portables. Une expérimentation doit avoir bientôt lieu dans quatre sites pilotes.
Mais là encore, les technologies en place ne sont pas toujours satisfaisantes : "Les plus anciens dispositifs ne brouillent que la 2G alors que les portables émettent en 3G et en 4G", lit-on dans le rapport.
De l'aveu même de la direction de l'administration pénitentiaire, neutraliser les communications en prison "revêt un caractère extrêmement complexe" :
Outre la rapidité d’obsolescence des matériels, la spécificité de l’architecture pénitentiaire contrarie l’efficacité du signal émis par les systèmes de brouillage : les murs en béton armé, les grilles, les barreaudages et de façon générale, les dispositifs de sécurité passive des établissements pénitentiaires perturbent la diffusion des ondes du système de brouillage en créant des cages de Faraday.
Rapport parlementaire
Des prisons sous pression
Les députés reconnaissent que l'amélioration de la lutte contre le trafic est d'abord liée à un monde carcéral sous haute pression :
Les auditions et les déplacements ont permis de montrer la difficulté à trouver une réponse simple à la problématique des violences et des trafics en détention dans un contexte de surpopulation carcérale et de manque d’effectifs du personnel pénitentiaire.
Rapport parlementaire
Au 1er août 2018, les prisons françaises comptaient 70 519 détenus pour 59 870 places. La ministre de la Justice a promis de créer 8000 places en plus pendant le quinquennat, ainsi que le recrutement de 1100 surveillants supplémentaires.
Des nouvelles prisons qui devront aussi, dans leur architecture même, "prendre en compte" le sujet des "projections" d'objets par dessus les murs, signalent les auteurs.
L'évasion par hélicoptère de Redoine Faïd, le 1er juillet dernier, a démontré de manière spectaculaire qu'il y aura toujours des trous de la raquette. En l’occurrence, la cour d’honneur de la prison de Réau (Seinte-et-Marne) était le seul endroit à ne pas être équipé d'un filet antiaérien.
LCP
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