lundi 8 février 2016

BEAUVAIS - Les riverains exaspérés par le bruit de la nouvelle prison

Le calme de ce charmant lotissement, entre ville et campagne, est rompu depuis l’ouverture du centre pénitentiaire de Beauvais. Les habitants viennent de lancer une pétition.

Ces Beauvaisiens mécontents comptent se faire entendre lors d’une réunion organisée avec l’État, la prison et la mairie.

Ils entendaient les gazouillis des petits oiseaux au réveil. Ce sont désormais les cris des détenus qui les bercent, de jour comme de nuit. À peine deux mois après l’ouverture du centre pénitentiaire de la ville, les riverains du quartier Saint-Jean, situé au sud de Beauvais, n’en peuvent déjà plus des nuisances sonores.

Selon eux, trois cents mètres séparent le mur d’enceinte des premières habitations, là où auparavant un bois s’étalait sur quelques hectares. Une tranquillité qu’ils regrettent tous amèrement.

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«  Les prisonniers passent beaucoup de temps à s’invectiver, à hurler ou même à s’insulter. Ils ne sont aujourd’hui que 150 mais qu’est ce que ça sera quand ils seront 600  », craint Didier Beauvais, habitant du lotissement concerné.

En face de chez lui, son voisin entend même le haut-parleur qui annonce la fin de la promenade. «  J’ai l’impression de vivre avec la prison. C’est horrible, témoigne Antoine Sanchez. Je me souviens pourtant de réunions auxquelles nous, riverains, étions conviés. On nous disait que la prison allait se trouver à un kilomètre.  » Pour que les autorités prennent au sérieux cette dégradation de leur cadre de vie, ces Beauvaisiens ont lancé une pétition. «  Nous avons récolté 42 signatures sur les 44 maisons que compte le lotissement  », insiste Bernard Postel, qui s’est chargé de l’adresser au sénateur-maire, aux présidents des conseils départementaux et régionaux, au préfet de l’Oise, ainsi qu’au directeur de la prison. «  Seul le Département nous a répondu. On nous a envoyé également un médiateur de la Ville de Beauvais. Nous attendons d’être reçus, qu’on nous apporte des solutions.  »

Un mur végétalisé comme solution ?

Parmi les pistes envisagées, l’établissement d’un mur végétalisé. «  Je ne suis pas sûre que cela fasse réellement barrage au bruit, s’interroge Martine Postel. Il ne faudrait pas plutôt réprimander les détenus qui font du bruit, les isoler ? On n’a rien demandé. Ce que l’on veut, c’est retrouver notre calme.  » Selon ces habitants, il est très facile de s’approcher du glacis qui entoure le mur d’enceinte, en traversant la partie du bois qui a été conservée. «  La nuit, certains s’en approchent. Des gens tentent de parler avec des détenus. À croire que du haut du mirador, personne ne les voit  », s’inquiète Antoine Sanchez.

Aucune communication avec l’extérieur n’est possible, selon l’administration pénitentiaire. La police de Beauvais est cependant vigilante et effectue des rondes. Quelques jours après l’installation des détenus, «  les télévisions coupaient sans arrêt. Les prisonniers se sont mis à crier par les fenêtres  », admet Alain Jégo, directeur interrégional, qui trouve cependant l’établissement de Beauvais «  calme  ». «  Je ne connais pas de riverains qui applaudissent des deux mains quand une prison s’installe à côté de chez eux. Attention à ne pas amplifier le phénomène. »

Ces propriétaires craignent que leurs biens soient dépréciés. D’autres riverains, habitants des lotissements voisins, sont prêts à les rejoindre dans leur combat contre les nuisances.


Courrier Picard

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