vendredi 19 février 2016

Une nuit d'humiliation à la maison d'arrêt de Châlons

Harissa dans l’anus, baisers forcés sur le pénis d’un codétenu et moult coups portés une bonne partie de la nuit… Les sévices commis sur le jeune prisonnier étaient jugés ce mercredi 17 février.


Les violences ont été commises dans une cellule de six détenus et ont duré une bonne partie de la nuit.

Tout démarre d’un bête « vol », en cellule, à la maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne. Au milieu de la nuit du 19 au 20 août 2015, il est environ 3 heures lorsque ce jeune détenu, âgé de 20 ans, diabétique, chipe un carreau de sucre à l’un de ses cocellulaires.


Surpris en plein forfait, il va voir trois hommes lui tomber dessus «  à bras raccourcis  », comme le dira à l’audience d’hier Déborah Cosson, substitut du procureur, les deux autres occupants fermeront les yeux.

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Teddy, 24 ans, est le plus rôdé à l’univers carcéral. C’est lui qui, le premier, dit à Dylan, 20 ans, fraîchement arrivé des Ardennes, qu’il ne doit pas se laisser faire. Les claques s’enchaînent «  ou les patates, c’est selon  », rééquilibrera le parquet. Julien, 19 ans, entre dans la danse.

Pour punir plus encore celui qui s’est servi sans autorisation (et dont on taira le prénom), Dylan lui fait baisser son pantalon, et met le feu à ses poils pubiens, à la suite de quoi il le force à manger de la harissa, puis en tartine un coton-tige et l’insère dans l’anus de la victime, avant de le forcer à le porter à sa bouche. Il finira même par lui faire embrasser son pénis. L’humiliation est totale.

C’est le témoignage d’un autre détenu, auquel la victime s’était confiée, qui va permettre à l’administration pénitentiaire de prendre connaissance des faits : la victime ne souhaitait même pas porter plainte.

À l’audience, ce mercredi 17 février, la victime est absente, tout comme Teddy – libéré entre-temps. Ne reste ainsi que Julien, qui n’en mène pas large, sous l’œil menaçant du «  meneur  », Dylan, accompagné d’un avocat, lui.

Alors au début, Julien dira qu’il n’a rien vu, tout juste entendu des choses… Dylan nie tout et semble soulagé, même si la lecture des dépositions de Teddy l’incrimine.

C’est là que le principal prévenu évoque «  le complot  » de ses camarades de cellule qui voudraient s’en tirer à bon compte.

L’avocat enfonce le clou et, entouré de quatre agents pénitentiaires, Julien craque, trahi. «  Tu te fous de ma gueule, enculé ?  », lui glisse-t-il à voix basse. Stéphane Coquerelle, président du tribunal, lui demande de rester calme. Les agents finiront par sortir l’impulsif, lorsqu’il menacera le «  baveux  » de lui mettre «  une grande claque dans sa gueule  ».

En réponse, de petits sourires satisfaits de la défense, croyant tenir là une démonstration de l’innocence de Dylan, «  le fluet  ». L’avocat a pratiquement terminé sa démonstration quand Julien revient dans la salle d’audience les yeux humides, remis à la barre de manière virile par un membre de l’escorte. Démenotté, à la demande expresse du président, Julien sera le dernier à parler. Et son revirement vindicatif finira par convaincre le tribunal. «  C’est lui (Dylan). Sans lui, il ne se serait rien passé !  »

Après en avoir délibéré, le tribunal a décidé de condamner Dylan Laurent à 10 mois de prison ferme, deux précédents sursis, d’un mois chacun, ont également été révoqués. Il sera par ailleurs inscrit toute sa vie au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles. Teddy Schmitt écope pour sa part de six mois de prison ferme plus trois mois d’un précédent sursis. Un mandat d’arrêt a été prononcé à son encontre.

Julien Boudemdane devra, lui, effectuer quatre mois de prison. «  Je m’excuse pour tout à l’heure  », a ajouté ce dernier à l’annonce de sa peine. «  Le tribunal comprend les raisons de votre emportement  », l’a rassuré le président.

L'Union

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