mercredi 24 février 2016

Urvoas veut brouiller les portables en prison: "Cela n'empêchera pas les substances illicites d'entrer"

Il faut "brouiller" les téléphones portables dans les prisons, a déclaré mardi le nouveau garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, après la diffusion par un détenu, en direct sur internet, d'images filmées dans sa cellule de Béziers. Une proposition loin de convaincre les surveillants de prison.
 
Jean-Jacques Urvoas veut brouiller les portables en prison

Il faut "brouiller" les téléphones portables dans les prisons. C’est ce qu’a affirmé ce mardi, sur Europe 1, le nouveau garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, rappelant que 30.000 appareils avaient été récupérés dans les prisons en 2015. .

Dans son collimateur, notamment, la diffusion lundi par un détenu, en direct sur internet, d'images filmées depuis sa cellule de Béziers. Mais le brouillage des portables en prison n’est pas nouveau. Le dispositif a déjà été installé dans plusieurs établissements depuis une quinzaine d’années (légalisé en 2002) mais n'a jamais été généralisé. Et surtout, il n'est pas vraiment efficace.

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"Cela ne fonctionnait pas"

"Plusieurs ministres ont essayé de mettre en place cette solution mais, pour moi, cela n'a jamais fonctionné, estime Lyriane Antoine-Baldellon, déléguée de la CGT pénitentiaire à la prison des Baumettes de Marseille. On achète juste le brouilleur sauf qu'il faut aussi prendre tout ce qui va avec et dès que c'est cassé, on ne peut pas le réparer". "Ce n'était pas efficace, confirme David Cuchietti, secrétaire de la CGT pénitentiaire des Baumettes. Soit cela nous empêchait de communiquer à l'intérieur, soit cela gênait les riverains. Ajouté cela au fait qu'il n'y avait aucune maintenance, ce qui fait que cela ne fonctionnait pas."

Mais, plutôt que de parler des brouilleurs, Lyriane Antoine-Baldellon entend plutôt alarmer sur la situation d'extrême précarité des prisons: "On n'a pas de moyens. On est au Moyen-Age: on n'a pas de moyens humains ni de moyens matériels. On est au Moyen-Age ! On fait comme on peut".

David Cuchietti souligne encore: "Les brouilleurs n'empêcheront pas les téléphones ou les substances illicites d'entrer dans les prisons. Si c'est mis en place, tant mieux. Mais ce que nous voulons, avant tout, c'est que l'on empêche les choses d'entrer".

"Cela pourrait être contre-productif"

Lionel Febbraro, avocat et membre de l’Observatoire international des prisons, se demande, pour sa part, si les autorités ont vraiment intérêt à brouiller des portables qui peuvent parfois être mis sur écoute. "C'est une vraie difficulté. Aujourd'hui, il existe un service de renseignements pénitentiaire qui exploite beaucoup les conversations tenues par les détenus avec l'extérieur, indique-t-il. Et que ce soit pour des affaires de droit commun ou à des fins de renseignements, notamment le renseignement anti-terrorisme ou la radicalisation".

Il ajoute: "Brouiller les portables, faire en sorte qu'on ne puisse plus les écouter, pourrait donc être, en partie, contre-productif pour l'administration pénitentiaire et la police. Car beaucoup d'affaires sortent grâce à des portables écoutés". Enfin dernier frein, les brouilleurs de portable en prison auraient aussi tendance à brouiller les ondes du voisinage, ce qui est interdit par la loi…

BFMTV

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