Europe 1 a pu se rendre dans l’un des trois quartiers dédiés aux détenus radicalisés ouverts dans le cadre du plan de lutte contre le terrorisme.
REPORTAGE -
Des portes closes, des barreaux aux fenêtres, des chambres exiguës, une cour de promenade grise et sinistre. A s’y méprendre, les unités dédiées aux personnes radicalisées violentes ressemblent à tous les autres quartiers de prison.
A quelques détails près : une salle de culte, un écriteau au mur avec des versets du Coran, des tapis de prière. Comme les prisons de Fleury-Merogis et Lille-Annœullin, la maison d'arrêt d’Osny, dans le Val-d'Oise, a ouvert, le 25 janvier dernier, un quartier dédié à la prise en charge de détenus, condamnés ou en détention provisoire, impliqués pour des faits de terrorisme.
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Des revenants de Syrie et des logisticiens. Avant d’intégrer l’unité d’Osny, les cinq prisonniers du programme ont été "évalués" par une série de spécialistes, dans les établissements pénitentiaires de Fresnes ou Fleury-Merogis, durant une période de deux à huit semaines. Des rencontres avec des psychologues, des éducateurs et des conseillers d’insertion et de probation, ont permis d’évaluer la menace qu’ils représentent. Objectif : repérer les individus qui présentent des risques, soit de prosélytisme en prison, soit de passage à l'acte violent à l'extérieur.
Pour le moment, cinq détenus ont intégré, pour une durée de six mois, le quartier mis en place par la prison d’Osny. Certains reviennent de Syrie. Les autres ont simplement apporté une aide logistique aux velléitaires au départ.
Des détenus isolés des autres. Les cinq détenus radicalisés ont donc rejoint le 25 janvier dernier ce quartier, d’apparence comme les autres, composé de 23 cellules de 9 mètres carrés, réparties sur deux étages. Ici, ils vivent en vase clos, séparés du reste de la détention, y compris pour les douches, la salle de sport, l’espace d'étude, la cour de promenade et même la salle de culte.
Cette dernière a été ouverte spécifiquement pour accueillir ces détenus. La salle est ouverte le vendredi aux musulmans de l’unité dédiée, le dimanche aux chrétiens et le vendredi aux juifs. Elle présente donc des écriteaux affichant notamment des versets du Coran. Des tapis de prière sont également mis à disposition des prisonniers.
Gagner la confiance des cinq détenus. Depuis leur arrivée, les détenus, tous des hommes, ont eu des entretiens individuels. Le but étant de gagner leur adhésion au programme et leur confiance, explique Renaud Seveyras, le directeur de la maison d'arrêt d'Osny.
"Dans un premier temps, il est important d’expliquer que nous n’entendons pas agir sur une foi, mais sur une dérive violente. La deuxième phase est une phase très intense de travail, avec l’intervention de victimes du terrorisme, de repentis, de spécialistes en géopolitique, de théologiens. Cette phase vise à s’interroger sur les raisons profondes d’un engagement violent. Enfin, la troisième phase, est une phase de retour sur soi et de définition d’un programme personnel", détaille-t-il au micro d’Europe 1. En clair, l’objectif de cette prise en charge est de rendre les détenus moins dangereux qu’à leur arrivée. Le but est de créer un déclic pour que ces hommes mettent en doute leurs convictions radicales voire violentes...
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