Seize des vingt-deux conseillers d’insertion et de probation de la Vienne ont manifesté, hier midi. Ils réclament moyens et reconnaissance.
A chaque fois qu'un juge rend une décision, l'un des dix-sept conseillers du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) prend le relais, au siège de l'ancienne prison de la Pierre levée, à Poitiers, ou dans l'antenne du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne (cinq conseillers).
Un travail de l'ombre engagé pour chaque personne placée, comme on dit dans le jargon judiciaire, « sous main de justice » (lire repères).
" Pour bien faire notre métier, il faut écouter "
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Ils n'ont pas le droit de faire grève mais ils ont manifesté, hier midi, devant le Palais de justice de Poitiers, à l'appel d'une intersyndicale CGT, SNEPAP-FSU et CFDT.
Seize des vingt-deux conseillers du SPIP de la Vienne ont exposé leurs revendications sur la place publique. La dernière fois, c'était il y a huit ans. « Nous ne sommes pas nombreux et nous ne pouvons pas bloquer les prisons comme les surveillants pénitentiaires », soupire Didier Nivelle (CGT). Ce qui n'empêche pas ces agents dédiés à la prévention de la récidive d'en avoir gros sur le cœur.
« Nous n'accompagnons pas les personnes condamnées comme on le souhaiterait. Le ministère avait promis 1.000 postes pour les SPIP. Ils ne sont jamais venus », estime Julie Rousseau (CGT). Nous gérons individuellement nos dossiers… jusqu'à 120 par conseiller, alors qu'une recommandation européenne en préconise 60 ! ; Moi j'arrive des Ardennes où chaque conseiller gérait 175 dossiers ! », confirme Élise Labbé (SNEPAP-FSU).
Au-delà des primes et indemnités dont ils estiment avoir été privés, ces agents regrettent un immense manque de reconnaissance. « L'absence de prime, c'était la goutte d'eau. Mais notre mouvement n'est pas lié à l'argent. Nous aimons notre métier. Pour bien le faire, il faut prendre le temps d'écouter, d'accompagner pour briser le sentiment d'injustice que les personnes condamnées peuvent avoir. » En prison, il n'est pas rare qu'un conseiller établisse un dossier sur un détenu sans même l'avoir rencontré. Par manque de temps. Et de personnel.
repères
Le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) est un service public qui dépend du ministère de la Justice. En France, 3.600 conseillers d'insertion et de probation (22 dans la Vienne) sont chargés d'assurer l'exécution des peines prononcées par les juridictions et de réinsérer les personnes condamnées. Toutes les personnes placées « sous main de justice » sont prises en charge par le SPIP, en milieu ouvert ou fermé.
Pas moins de 250.000 personnes sont suivies par les SPIP en France, dont 78.305 écrouées, dont 67.580 détenues et 12.199 en aménagement de peine (semi-liberté, bracelet électronique, placement extérieur) et 172.000 personnes en milieu ouvert (libération conditionnelle, sursis avec mise à l'épreuve, contrainte pénale, travail d'intérêt général…)
La Nouvelles République
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