Les personnels pénitentiaires d’insertion et de probation manifestaient hier sur leur temps de pause devant le Palais de justice.
Au tribunal de grande instance de Rouen, presque en douce, une douzaine de pancartes de tailles diverses ont fleuri, hier vers midi.
« Justice sinistrée, démocratie en danger », y lit-on. Sur une autre, se trouve un nom, suivi de « 120 dossiers à charge, Jean-Jacques Urvoas [ministre de la Justice, NDLR], 0 considération ».
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Ce ne sont pas des avocats, mais des fonctionnaires en charge du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de la région de Rouen. Et comme tout personnel pénitentiaire, ils n’ont pas le droit de grève. C’est sur leur temps de pause qu’ils ont donc décidé de se réunir pour se faire entendre, comme devant la plupart des tribunaux de France.
SPIP à bout, SPIP debout
« Punir est nécessaire mais sans accompagnement, c’est absurde. » Voici comment une manifestante résume leur mission. Ces agents ont la charge de toutes les mesures mises en place (santé, insertion professionnel, logement, etc...) juste après que la peine ait été prononcée. Ils s’occupent aussi du bout de la chaîne, c’est-à-dire l’insertion, quand la personne condamnée a terminé sa peine.
« Lorsqu’on sort de l’école, nous devons six ans à l’État. 60 % d’entre nous arrêtent après cette période », explique Marion Monillier, du syndicat solidaires-Justice. La faute à une surcharge de dossiers, et un gros manque de moyens alors que « l’ensemble de l’administration pénitentiaire » a reçu récemment revalorisation et renforts. Sauf eux.
« Il ne faut pas ignorer qu’une grande partie des gens qui entrent en détention sont dans un état de nécessité fort. Si la justice les relâche pour qu’ils y retournent, tous nos efforts de réinsertion ne servent à rien. »
En sortant du tribunal, Bertrand Diet, juge d’application des peines, lâche : « La situation altère l’efficacité de l’application des peines, tant pour les conseillers de probation que pour les détenus. » Le syndicat de la magistrature soutient cette mobilisation de personnels laissés, selon eux, « au bord du chemin ».
Paris Normandie
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