Plus de 7 000 policiers ont fait part de leur ras-le-bol sous les fenêtres du ministère de la Justice. En cause, le sentiment de "ne servir à rien".
Noire de monde, la place Vendôme est agitée par une marée de drapeaux syndicaux, d'où émergent ponctuellement les nuées de fumigènes bleu-blanc-rouge des manifestants scandant "policiers en colère". Une première en trente ans devant la chancellerie.
Sur une façade de la place, une banderole noire sur un échafaudage donne le ton du rassemblement : "Police/justice : la rupture". "On est d'abord là parce qu'il y a un problème de suivi par la justice de ce qui se passe sur le terrain. Les gens interpellés sont souvent les mêmes, ils passent en justice et sont relâchés ou peu condamnés. Comme il n'y a aucune sanction, ils recommencent", témoigne un officier parisien, qui, comme ses collègues, souhaite rester anonyme.
"On croit à notre boulot, mais on a l'impression de bosser dans le vide", approuve un policier de 30 ans basé en Seine-Saint-Denis.
La semaine dernière, un policier a été grièvement blessé dans ce département par un malfaiteur en cavale, un détenu qui n'était jamais rentré de permission, provoquant une vague d'indignations au sein des forces de l'ordre.
Près de la colonne au centre de la place, une dizaine de policiers du commissariat de Saint-Denis portent un tee-shirt marqué au dos d'une cible de tir avec la silhouette d'un policier au centre. Au sol, des dizaines de bougies dessinent le nom de Yann, le policier grièvement blessé.
"Si la justice n'a pas les moyens de travailler, on ne sert à rien"
Face aux manifestants, tous en civil, pour beaucoup en jean, manteau à capuche ou veste en cuir, l'entrée du ministère est défendue par d'autres policiers, en uniforme eux.
Sur un drap blanc, un slogan dénonce : "Justice en carton : policiers en dépression". Des sirènes de police résonnent en fond sonore, entrecoupées des détonations de pétards.
"C'est l'expression d'un ras-le-bol général. On n'a rien contre la justice en tant qu'institution, mais les magistrats en sont réduits à gérer la pénurie. Si la justice n'a pas les moyens de travailler, on ne sert à rien", nuance un commissaire parisien.
"Depuis des années, on nous ajoute de plus en plus de missions sans que les moyens suivent, c'est incohérent. On assume les promesses des politiques, mais avec les mêmes moyens, c'est dangereux", dénonce-t-il.
"Nous sommes fatigués, Mme Taubira. Regardez ces policiers qui endurent jets de pierres et tirs d'armes de guerre", lance à la tribune Laurent Martin de Fremont, du syndicat Unité SGP Police.
"Depuis les attentats de janvier, on fait les plantons et on patrouille non-stop", témoigne un policier. "Les moyens ne sont pas là, on nous a repris nos gilets pare-balles périmés et on a un seul gilet neuf pour tout le commissariat."
La garde des Sceaux n'a pas exclu de recevoir une délégation de l'intersyndicale, mais les représentants des policiers visent plus haut et au micro, l'un d'eux en appelle directement à François Hollande, qui a fait savoir qu'il recevrait une délégation la semaine prochaine : "Monsieur le Président de la République, redonnez-nous les moyens d'être fiers d'être policiers, recevez sans délai l'intersyndicale."
www.lepoint.fr
Sur un drap blanc, un slogan dénonce : "Justice en carton : policiers en dépression". Des sirènes de police résonnent en fond sonore, entrecoupées des détonations de pétards.
"C'est l'expression d'un ras-le-bol général. On n'a rien contre la justice en tant qu'institution, mais les magistrats en sont réduits à gérer la pénurie. Si la justice n'a pas les moyens de travailler, on ne sert à rien", nuance un commissaire parisien.
"Depuis des années, on nous ajoute de plus en plus de missions sans que les moyens suivent, c'est incohérent. On assume les promesses des politiques, mais avec les mêmes moyens, c'est dangereux", dénonce-t-il.
"Nous sommes fatigués, Mme Taubira. Regardez ces policiers qui endurent jets de pierres et tirs d'armes de guerre", lance à la tribune Laurent Martin de Fremont, du syndicat Unité SGP Police.
"Depuis les attentats de janvier, on fait les plantons et on patrouille non-stop", témoigne un policier. "Les moyens ne sont pas là, on nous a repris nos gilets pare-balles périmés et on a un seul gilet neuf pour tout le commissariat."
La garde des Sceaux n'a pas exclu de recevoir une délégation de l'intersyndicale, mais les représentants des policiers visent plus haut et au micro, l'un d'eux en appelle directement à François Hollande, qui a fait savoir qu'il recevrait une délégation la semaine prochaine : "Monsieur le Président de la République, redonnez-nous les moyens d'être fiers d'être policiers, recevez sans délai l'intersyndicale."
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