vendredi 23 octobre 2015

Avocats, policiers, gardiens de prison: Taubira cristallise les grognes

En plus des policiers la semaine dernière et de la droite depuis son arrivée à la Justice, la ministre cristallise maintenant la colère des avocats et des agents de l'administration pénitentiaire.
A la Chancellerie, on souligne que Christiane Taubira est
 
Les avocats en grève, les policiers sous ses fenêtres, les gardiens de prison en colère: un vent mauvais souffle pour Christiane Taubira, ministre d’une justice engagée qui cristallise les critiques, bien au-delà de son magistère.

Des emplois supplémentaires pour les prisons

Le personnel pénitentiaire a manifesté jeudi à Paris pour dénoncer le manque de moyens humains et matériels auquel il est confronté. Surveillants de prison et personnels techniques et administratifs ont déployé dans les rues de Paris des banderoles et lancé des fumigènes en scandant des slogans tels que "Taubira, t'es foutue, la pénit' est dans la rue" ou "Taubira, démission".

Les personnels pénitentiaires réclament avant tout des emplois supplémentaires, mais aussi une revalorisation de leurs indemnités, "qui n'ont pas bougé depuis une dizaine d'années", selon Christopher Dorangeville, secrétaire national de la CGT Pénitentiaire. Enfin, ils demandent une redéfinition de leurs missions et une véritable négociation sur les questions d'hygiène et de sécurité dans les établissements. Ils rappellent que le taux de suicide des surveillants pénitentiaires est 31% plus élevé que la moyenne nationale.

Des tribunaux bloqués

Les avocats, eux, sont en grève depuis une semaine contre la réforme de l'aide juridictionnelle. La ministre de la Justice Christiane Taubira a renoncé mercredi à la mesure qui avait mis le feu aux poudres. Celle-ci prévoyait de ponctionner les produits financiers des fonds de clientèle qui transitent par des caisses gérées par les avocats, les Carpa, pour financer l'aide juridictionnelle, qui permet aux plus démunis d'avoir un avocat. Mais la pression n'est pas retombée pour autant.

L'accès au tribunal de grande instance de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, est resté bloqué jeudi pendant plusieurs heures par une centaine d'avocats en colère contre la réforme. A Angers, les avocats ont envahi brièvement la salle d'audience de la Cour d'assises du Maine-et-Loire et perturbé le procès Bonnemaison. Jean Brouin, bâtonnier du barreau d'Angers, a lu une motion pour "rappeler à l'Etat ses obligations fondamentales dont l'accès à la justice". Après les incidents à Lille, des accrochages ont eu lieu jeudi après-midi entre policiers et avocats, face au palais de justice de Toulouse.

Hollande cherche à rassurer les forces de l'ordre

La semaine dernière, devant de nombreux tribunaux en régions et sous les fenêtres du ministère de la Justice, à Paris, des milliers de policiers avaient manifesté leur colère aux cris de: "Taubira démission".

François Hollande a repris la main sur ce dossier et cherché à rassurer les forces de l'ordre jeudi en recevant les syndicats de police et les gendarmes à l'Élysée. Il a prévu de les recevoir de nouveau en mars prochain.

"La cible principale de la droite"

Avec un budget en hausse et un ministère qui embauche, Christiane Taubira affiche la plus belle longévité à la chancellerie depuis Robert Badinter (juin 1981 à février 1986). Elle partage avec l’ancien Garde des Sceaux sa valeur de "symbole", voire de "caution de gauche". Mais si elle reste une icône de la gauche, porteuse d’une "vision de la société protectrice des plus faibles mais hostile au tout sécuritaire", relève un magistrat, elle semble "de plus en plus isolée" face à une opinion inquiète depuis les attentats islamistes de janvier.

La droite, elle, en fait la championne du laxisme, le "symbole" d'une "idéologie", celle qui doit rendre compte des "échecs du gouvernement" et ne cesse de réclamer sa démission depuis les débats sur le mariage gay.

A la Chancellerie, on souligne que depuis qu’elle est arrivée en 2012, la droite en fait un "bouc-émissaire facile" de la politique du gouvernement,

Dans l’entourage de la ministre, on relativise la violence des critiques, à deux mois des régionales: "Ce n’est pas une fronde généralisée, c’est une zone de turbulences comme on en a déjà eue. Les attaques vont continuer, à mesure qu’on s’approche des échéances électorales".
BFM TV

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