Jean-Luc, surveillant à la maison d’arrêt de Douai a été relaxé dans une affaire de trafic de stupéfiants entre les murs de la prison. Malgré la décision de justice, ses collègues ne décolèrent pas. Ils dénoncent l’attitude de leur direction : « La parole d’un surveillant compte moins que celle d’un détenu. »
Ils exigent des explications et des excuses pour leur collègue, Jean-Luc (notre photo ci-dessous).
Mardi matin, dès 6 h 30, une cinquantaine de surveillants de la maison d’arrêt bloquent l’accès au site. « La direction a monté un dossier à charge contre Jean-Luc », affirme Grégory Augustin, représentant de l’UFAP UNSA justice. Le surveillant pour qui le mouvement est organisé, a un temps été soupçonné de participer à un trafic de stupéfiants au sein de la maison d’arrêt. Le 8 septembre, il est placé en garde à vue suite au démantèlement du trafic. Il aurait passé un paquet contenant du cannabis d’une cellule à une autre. Deux détenus sont aussi interpellés. Ces derniers, jugés le 16 octobre, sont condamnés pour cette affaire à deux ans de prison ferme. Jean-Luc, présenté le 20 octobre devant le tribunal correctionnel, est relaxé. « La direction a voulu salir l’image de notre collègue », tranche Grégory Augustin.
L’accès à la maison d’arrêt est impossible. Des banderoles « surveillants en colère », sont attachées près de la porte principale. Au milieu de l’allée centrale, les surveillants entassent palettes en bois et pneus. L’un d’eux ne tarde pas à enflammer le tout sous les applaudissements de ses camarades.
Entouré des représentants des syndicats – UFAP UNSA, SNP FO et CFTC – Jean-Luc regrette de ne pas avoir été entendu par sa direction. « Alors que les deux détenus l’ont été, rapporte Laurent Lefebvre, SNP-FO. L e premier le 6 juillet, l e second le 8 septembre. En deux mois, ils ont largement eu le temps d’accorder leur discours, surtout en étant codétenus. » Jean-Luc raconte ses quinze années de surveillance, dont quatre à Douai. « Je n’ai jamais eu aucun problème. » Le surveillant a été suspendu de ses fonctions le temps de son placement sous contrôle judiciaire. Aujourd’hui relaxé, il attend une date de réintégration.
D’après les grévistes, la direction cherchait à tout prix à obtenir le nom d’un surveillant de la part des détenus. « C’est tombé sur Jean-Luc, ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous. » Les surveillants décrivent « un climat de suspicion » continu et pesant. « On écoute plus un détenu qu’un surveillant », poursuit Grégory Augustin. Un collègue surenchérit : « N’importe quel Français a droit à la présomption d’innocence, pas un surveillant pénitentiaire !
Sandrine Normand, substitut du procureur : «La direction a fait son travail»
« C’est une affaire délicate à gérer », reconnaît Sandrine Normand, substitut du procureur. Les accusations des syndicalistes de la maison d’arrêt ne tiennent pas. Elle cite l’article 40 du code de procédure pénale qui oblige à dénoncer au ministère public toute information dont la direction du site aurait connaissance et qui représenterait un délit. « Heureusement que la direction n’a pas avisé son surveillant qu’il faisait l’objet d’une enquête, c’est la loi. Elle a fait son travail. »Toujours d’après des représentants à l’origine du blocage, la tête pensante du trafic démantelé aurait obtenu une audience pour le port d’un bracelet électronique en échange d’informations à la direction. « Pendant sa garde à vue il a réitéré ses accusations alors que son aménagement de peine avait été refusé. Quel intérêt aurait-il eu à mentir ? » Sandrine Normand revient sur « une enquête pénale d’ampleur », qui a permis de mettre au jour un trafic de stupéfiants important au sein de la maison d’arrêt. Les deux détenus à la tête du trafic ont été condamnés à deux ans de prison ferme.
Le cousin de l’un d’eux, à douze mois avec sursis et mise à l’épreuve pour avoir joué les mules...
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