Défense de Rigoler :)
Le ministère de la Justice a lancé ce jeudi une campagne pour recruter des surveillants pénitentiaires. Il aimerait changer l'image de cette profession.
Ce mannequin finement barbu est un acteur, embauché pour la grande campagne de recrutement lancée aujourd’hui (premiers spots télé dimanche). Sous l’affiche, en revanche, se tient un véritable surveillant, David, 43 ans, officier formateur. Sur le stand du salon Paris pour l’emploi (jusqu’à samedi soir place de la Concorde), David s’est donné pour mission de «casser les préjugés» sur la prison.
L’objectif de la campagne est de «recruter 1 500 surveillants et 200 conseillers d’insertion et de probation en 2016», dit Isabelle Gorce, la directrice de l’administration pénitentiaire, présente sur le salon. Outre les départs à combler, le mouvement englobe des créations de postes : 483 en 2015-2016 d’après Isabelle Gorce, qui insiste elle aussi sur la nécessité de «changer l’image» de la profession. «Avec une campagne sur la fierté, on veut tordre le cou aux caricatures. Surveillant pénitentiaire est un métier qui nécessite de grandes qualités humaines. En prison, si la parole ne circule pas, l’établissement est en danger. Et cette parole, ce sont les surveillants qui la recueillent, la canalisent…»
Aux aspirants surveillants qui s’arrêtent, David tient aussi un discours plus concret : «Tous les deux ans, le salaire est revalorisé, j’ai commencé à 1 400, je suis à 2 000», explique-t-il. Face à lui, un jeune adjoint de sécurité tenté par la reconversion lui demande «s’il y a des motards» dans la pénitentiaire : «Des motards, non. Mais vous pouvez être prof de sport, prof de tir, chauffeur, il y a une palette de métiers énorme.» A ses côtés, Myriam, elle aussi au départ surveillante et aujourd’hui formatrice des personnels pénitentiaires, hoche la tête. «C’est une des seules administrations où l’on peut rentrer tard et gravir vite les échelons.»
Pour s’inscrire au concours de surveillant pénitentiaire, aucun diplôme n’est requis. Il faut être âgé au minimum de 19 ans, au maximum de 42 ans. L’âge moyen des candidats reçus est de 29 ans – «Il y a beaucoup de reconversions, de personnes déçues par une première vie professionnelle», admet Isabelle Gorce. Myriam, dans sa vie précédente, était œnologue, puis commerciale pendant dix ans. Elle avait «envie de changer», est tombée par hasard sur un visuel de la campagne de recrutement de 2002. «Au départ, je n’ai pas osé dire à ma famille que j’avais un nouveau métier, avoue-t-elle. C’est bête, mais la prison fait peur. Même ici, sur le stand, les gens au départ nous posent des questions sur les postes administratifs. Ils n’osent pas parler tout de suite de surveillant pénitentiaire.»
Aux visiteurs du salon pour l’emploi, Myriam ne cache pas «les aspects difficiles du métier. Tous les jours, on est confronté à la souffrance, à la misère, dit-elle. Mais c’est un métier de contact, de relation, où on peut vraiment se sentir utile. L’écoute, l’observation, sont la première mission.»
Loin des tracts et affiches souriantes du salon, les syndicats de surveillants pénitentiaires, réunis ces derniers jours en intersyndicale, appellent unanimement à manifester le 22 octobre contre les «charges de travail insensées, rythmes de travail déments, emplois en berne, risques psychosociaux omniprésents».
David et Myriam n’ignorent rien de cette mobilisation, mais sont persuadés que, «justement, la campagne de recrutement va dans le bon sens.»...
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