mardi 2 août 2016

Philippines - les photos chocs d'une prison pleine à craquer

Les photos dépassent l'entendement. Aux Philippines, où les prisons sont depuis longtemps pleines à craquer, la situation a encore empiré depuis que le nouveau président Rodrigo Duterte a lancé une grande offensive contre le trafic de drogue.
En résulte une surpopulation carcérale qui atteint des proportions extrêmes, comme à la prison de Quezon City, dans la banlieue nord de Manille, où s'est rendu en juillet 2016 le photographe Noel Celis. Voici les images de son reportage.

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Entassés les uns sur les autres, des dizaines de détenus dorment sur le terrain de basket du centre pénitentiaire, faute de cellules disponibles. Conçue pour accueillir 800 prisonniers, la prison de Quezon City en compte aujourd'hui 3.800.
Un homme qui croupit depuis 14 ans dans cette prison témoigne : "Beaucoup de gens deviennent fous. Ils n'arrivent plus à penser. Il y a tellement de monde. Au moindre mouvement minuscule, on se heurte à quelque chose ou à quelqu'un."
Les détenus dorment chacun leur tour sur le sol fissuré d'une cour de basket extérieure, sur les marches des escaliers, dans des hamacs de fortune, sous les lits.
Chaque prisonnier partage ses toilettes avec 130 autres personnes. Des seaux d'eau font office de chasse, et l'odeur est aggravée par celle de légumes qui pourrissent dans un canal proche.
Le gouvernement consacre quotidiennement à chaque détenu seulement 50 pesos (environ un euro) en nourriture et cinq pesos (environ 10 centimes d'euros) en médicaments. Malgré tout, grâce aux achats en gros, le régime alimentaire – soupe, légumes et viande – est correct, rapporte l'AFP.
D'après l'Institut pour la recherche sur les politiques pénales de l'université de Londres, le système carcéral philippin est le troisième plus surpeuplé au monde.
Il y a en moyenne près de cinq fois plus de détenus que de places, selon les chiffres du gouvernement de l'archipel. Et la situation pourrait s'aggraver rapidement, car depuis l'entrée en fonctions de Rodrigo Duterte le 30 juin, plus de 4.300 trafiquants ou usagers de drogue présumés ont été arrêtés, selon la police.
Sur cette photo, l'homme au premier plan fait une lessive, un autre prend sa douche et un troisième fait chauffer son repas.
Les séances de danse collective sont organisées pour occuper les prisonniers.
Un prisonnier se fait couper les cheveux.
"Merci d'observer le silence", indique ce panneau accroché à des barreaux.
"Si cela se passait aux États-Unis, il y aurait des émeutes chaque jour. Le Congrès déclarerait que ces prisons sont indignes des êtres humains", commente le Philippin Raymund Narag, un spécialiste de justice pénale à la Southern Illinois University, qui a jadis passé sept ans dans les geôles de Quezon City.
Raymund Narag, aujourd'hui âgé de 41 ans, avait été placé en détention provisoire à l'âge de 20 ans pour le meurtre d'un étudiant. Il lui avait fallu attendre sept ans pour être acquitté par la justice, ce qui correspond à la moyenne de la détention provisoire aux Philippines.
Des prisonniers sont emmenés en bus vers le tribunal. Un détenu de Quezon City qui a vécu nombre de reports et de renvois raconte : "Maintenant, quand ils disent que j'ai une audience, je m'en fiche."
Les prisonniers font la queue à l'entrée du tribunal. Le système judiciaire philippin, chaotique, se caractérise par son manque chronique de juges, d'avocats commis d'office et de salles de tribunal.
AFP PHOTO / NOEL CELIS

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