dimanche 28 août 2016

Sequedin : Étienne Dassonville passe son temps libre avec les prisonniers

Étienne Dassonville, 70 ans, est visiteur de prison depuis qu’il est à la retraite. 

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Membre de l’association nationale des visiteurs de prison (ANVP) depuis 2008, il en est le président pour la section de Lille. Et intervient à ce titre à la maison d’arrêt de Sequedin.



La première fois qu’Étienne Dassonville est entré en prison, c’était pour un motif tout à fait louable ; discuter avec un détenu, qui en avait formulé la demande. «  Je me suis présenté à la personne. On ne doit pas donner son nom de famille, on ne doit pas dire où on habite. Tout peut arriver… mais rien ne s’est jamais produit, à ma connaissance. Je me suis tout de suite senti à l’aise.  »

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Le Linsellois a pris sa retraite il y a huit ans, après une longue carrière chez Prouvost, en tant que «  technicien process  » (qui étudie, en gros, la faisabilité d’un produit). Muté neuf ans en Australie, il parle désormais couramment l’anglais.

Son premier contact carcéral fut épistolaire ; via l’association Auxilia, il enseigne la langue de Shakespeare à des détenus, par correspondance. «  J’ai toujours été très associatif, sourit-il. J’ai fait beaucoup de sport, je suis investi dans une association à but humanitaire, pour aider une commune au Burkina Faso…  »

Aujourd’hui, Étienne Dassonville est aussi bénévole à Emmaüs, à Wambrechies. Et ces échanges anglophones avec des prisonniers de toute la France lui ont donné «  envie de découvrir le monde pénitentiaire  ». Il est ainsi entré à l’ANVP.

Parler de tous les sujets

Le retraité ne risquerait-il pas un burn-out ? «  Tout cela, c’est un enrichissement humain. J’ai la chance d’avoir une épouse qui me laisse agir. Elle est bénévole à Emmaüs elle aussi. Et je pense qu’à 75 ans, j’arrêterai. Enfin, au moins mes fonctions au sein de l’ANVP.  »

Avec l’habitude, parfois, Étienne Dassonville «  entre à Sequedin en oubliant que c’est une prison  ». Les visiteurs, qui sont 25 à la maison d’arrêt et suivent chacun deux détenus, au rythme d’une conversation d’une heure environ tous les quinze jours, prennent leurs rendez-vous au parloir avocats. Impossible, en revanche, d’oublier la nature du lieu lorsque le visiteur de prison voit des cellules.

 «  L’odeur, la promiscuité, c’est une catastrophe. Tous les ans, on donne un colis de Noël pour les personnes indigentes, celles qui vivent avec moins de 50 € par mois. À chaque fois, ils nous accueillent, et nous remercient.  » Pour ces détenus, l’association apporte «  un soutien moral et financier  », donne «  25 € par mois, et l’administration pénitentiaire 20  ».

Toujours pour favoriser la réinsertion après la détention, les visiteurs parlent, «  de tous les sujets, cela peut varier en fonction de la situation scolaire de la personne, du primaire au Bac +5, on se met à son niveau  ». Pas de prosélytisme, l’association est laïque. Et «  nous ne devons pas chercher à savoir ce que la personne a fait, même si, souvent, dans un climat de confiance, il finit par nous le dire  ». Parfois, la relation se poursuit hors les murs, sous forme épistolaire puisque les visiteurs n’ont pas le droit de revoir les anciens détenus. Question de sécurité.

Nord Eclair

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