mardi 30 août 2016

Rémire-Montjoly - Un « caïd » du centre pénitentiaire condamné

Un détenu, sa compagne et un employé du centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly ont été condamnés, vendredi, pour avoir orchestré un réseau de trafic de téléphones portables et de stupéfiants au sein de l'établissement. 

Un « caïd » du centre pénitentiaire condamné

Un « dénonciateur » a alerté le directeur de la prison par courrier.

À seulement 22 ans, il a réussi à monter son business au sein du centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly.



Incarcéré depuis deux ans pour des actes criminels, Brandon S.R. a orchestré un trafic de stupéfiants et de téléphones portables, entre le 30 août 2015 et le 27 juin 2016, avec l'aide de « ses soldats » .

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Au premier rang desquels sa compagne, Karine B. Pour lui, elle récupérait de l'argent auprès des familles des détenus.

Elle s'est rendue à plusieurs reprises à Balata pour acheter du cannabis et s'est procurée des téléphones portables. Elle remettait le tout à Jean-Claude F., un employé du centre pénitentiaire impliqué dans le trafic.

Au parloir, elle glissait des billets à son compagnon. Prise sur le fait, elle s'est vue interdire les visites à plusieurs reprises mais ne s'est pas retirée des affaires pour autant.

« UN EMPLOYÉ EXEMPLAIRE » SELON LE DIRECTEUR DE LA PRISON

Une fois que Jean-Claude F. avait récupéré la marchandise, il usait de différents stratagèmes pour la remettre aux acquéreurs.

La technique du bateau, par exemple, lui permettait de transmettre le produit d'un « quartier » à un autre de la prison. Cela consiste à envoyer le paquet par dessus le mur.

Ou alors, il demandait à des « auxiliaires » de provoquer quelques dégâts dans une cellule. Il intervenait en tant que technicien de maintenance et en profitait pour déposer le produit.

En attendant la livraison, il stockait la marchandise au sein même du centre pénitentiaire.

Jean-Claude F. était considéré, par le directeur de la prison, comme « un employé exemplaire » .

Appât du gain ou intimidation ? La motivation de ce dernier reste floue. « Brandon m'a dit que c'était pour aider sa mère malade » , explique-t-il au tribunal.

IL SE FAISAIT APPELER « CAPO » , COMME LE NARCOTRAFIQUANT

D'après les enquêteurs, le trafic rapportait gros. À raison de 80 téléphones vendus entre 50 et 100 euros chacun, sans compter les stupéfiants vendus entre 20 et 50 euros la dose... Le gain est estimé entre 1 800 et 3 000 euros par mois.

Brandon S.R. aurait même touché, au total, jusqu'à 20 000 euros. Il possédait un compte sur lequel l'argent pouvait être directement versé.

« C'est dire à quel point il était organisé » , fait remarquer la procureure. Un véritable business qu'il a orchestré comme un « caïd » . Il se faisait appeler « Capo » , en référence au narcotrafiquant de la série télévisée colombienne El Capo, rediffusée sur France O.

Il semait la peur au sein du centre pénitentaire, s'en prenant avec violence aux détenus qui lui devaient de l'argent.

À l'extérieur, les familles subissaient des pressions. Des photos et des vidéos ont été retrouvées sur les téléphones portables saisis par les enquêteurs. Diffusées via l'application WhatsApp, elles montrent des détenus se faire passer à tabac.

« Qu'avez-vous à dire sur les images où l'on voit un détenu subir 21 coups de fusil dans la tête ? » , interroge la présidente du tribunal. « C'est ce qui se passe en détention » , répond Brandon S.R. sans sourciller.

PEUR DES REPRÉSAILLES

D'après la procureure générale, des détenus ont refusé de témoigner par peur des représailles.

À l'audience, vendredi, alors que Karine B. pleure, que Jean-Claude F. baisse les yeux, « Capo » semble sûr de lui et soigne son discours.

Mais au moment des réquisitions de la procureure, son visage est crispé. Six ans de prison avec maintien en détention et 20 000 euros d'amende sont requis à son encontre, cinq ans de prison dont deux ans avec sursis et avec mandat de dépôt à l'audience pour sa compagne, six ans de prison dont un an avec sursis avec mandat de dépôt à l'audience et 20 000 euros d'amende pour Jean-Claude F.

« On parle de faits qui font courir des risques aux personnes à l'intérieur de la prison, souligne la procureure. Un détenu est mort en 2016 pour une dette liée au trafic de stupéfiants. »

 Le tribunal prononce une peine de quatre ans de prison avec maintien en détention et une amende de 10 000 euros pour Brandon S.R., de trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis avec mandat de dépôt à l'audience et 3 000 euros d'amende pour Karine B., quatre ans de prison dont deux ans avec sursis avec mandat de dépôt à l'audience et 6 000 euros d'amende pour Jean-Claude F.

France Guyane

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