mardi 23 août 2016

Une prison en... conteneurs

Une PME, Capsa, fabrique les cellules du nouveau centre de semi-liberté du Pas-de-Calais. Particularité : elles sont construites à partir de conteneurs maritimes.


A priori,rien de surprenant. En avril 2017 doit être inauguré le centre de semi-liberté (CSL) de Saint-Martin-Boulogne (Pas-de-Calais), construit par le groupe Eiffage pour un contrat de 5,4 M€. Mais au moment de couper le ruban, les yeux seront rivés sur les 47 cellules individuelles fabriquées dans des... conteneurs maritimes recyclés.


Le projet, inédit en France, repose sur les épaules d'une PME sous-traitant d'Eiffage, Capsa. Commandés en Chine, ces conteneurs sont, depuis le 18 juillet, en cours de transformation dans l'usine de Meyzieu, dans le Rhône.

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A quoi ressembleront les cellules ? Mystère. Eiffage veut encore maintenir le secret. Tout juste sait-on qu'elles feront 11,7 m 2 et seront composées d'une kitchenette, d'une salle de bains et seront recouvertes d'un bardage. Elles doivent être livrées d'ici fin novembre, début décembre. « Notre contrat est supérieur au million d'euros pour à la fois le transport, les conteneurs, l'aménagement, les études réalisées ainsi que la construction de portes et de fenêtres », précise Cédric Denoyel, fondateur de Capsa en 2013.

Un test pour l'administration pénitentiaire

L'entreprise s'est vu imposer le même cahier des charges que pour une construction traditionnelle. Elle respecte les impératifs d'isolation grâce à « d'excellents coefficients thermique et phonique », se réjouit le PDG de la PME. Question sécurité, pas de traitement de faveur. « Comme l'exige la réglementation, nos matériaux ne seront ni démontables ni cassables et on ne pourra rien attacher sur les murs. »

Mais pourquoi construire ces cellules d'un nouveau genre ? Selon Cédric Denoyel, ce projet présente deux intérêts majeurs : « D'un côté, on peut estimer l'économie réalisée entre 10 et 12 %. De l'autre, nous sommes capables de mettre sur pied 47 cellules en à peine trois mois. Un délai imbattable. »

Si la rapidité du chantier n'est pas démentie par la direction de l'administration pénitentiaire (un an, contre deux habituellement, pour la totalité de la structure), cette dernière se montre plus nuancée sur le gain financier.

« On est dans la fourchette basse des coûts de CSL. Si techniquement des économies peuvent être réalisées, elles sont malgré tout limitées par la rigidité de la réglementation carcérale qui nécessite beaucoup de main-d'œuvre pour adapter le conteneur aux normes. »

Des surcoûts qui n'existent pas dans les autres projets d'habitat de Capsa, comme ceux de logements étudiants. Les résultats de cette expérimentation seront suivis de près. « Ce CSL fait figure de test grandeur nature. En fonction du bilan tiré, nous verrons si nous renouvellerons l'expérience », assure la direction de l'administration pénitentiaire.

Seulement 11 centres de semi-liberté

Préparer l'après : c'est l'objectif des centres de semi-liberté (CSL). Ce régime aménagé de détention permet à un condamné à un an d'emprisonnement, ou en fin de peine, de retrouver la liberté en journée pour, notamment, exercer une activité professionnelle ou se former à un métier.

« Il s'agit d'une réponse judiciaire pour les réinsertions professionnelles et sociales », affirme-t-on à la direction de l'administration pénitentiaire. « Ces structures sont adaptées à des profils particuliers. Cela ne concerne pas tous les détenus. »

Les CSL sont au nombre de 11, et concernaient 1 770 prisonniers au 1er juillet. La multiplication de ce type de centres est à l'étude pour, entre autres, désengorger les maisons d'arrêt — très touchées par la surpopulation carcérale — où se côtoient les détenus pour de courtes peines et ceux en attente d'être jugés. Ce sera, entre autres, l'objet d'un discours de Jean-Jacques Urvoas, le garde des Sceaux, devant l'Assemblée mi-septembre. Il fera le point sur le programme immobilier de la Justice. Au 1er juillet, 69 375 personnes étaient incarcérées pour une capacité d'accueil maximale de 58 311 places, soit un taux d'occupation de 119 %.

Le Parisien

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