Un détenu dirigeait depuis sa cellule, grâce à un téléphone portable, un trafic de stupéfiants. Sept personnes ont été condamnées.
Les cinq prévenus (Rachid, Thierry, Fabrice, Laurent, Michaël) présentés au tribunal correctionnel de Poitiers ne sont pas des enfants de chœur. Ils additionnent tous entre 5 et 19 mentions à leur casier judiciaire. La sixième personne (Nathalie) appelée dans le cadre de cette affaire de stupéfiants est absente à l'audience. Mère de famille de trois enfants, sans casier judiciaire, elle est également la compagne de Rachid. Ce dernier est décrit comme « la tête pensante » de ce trafic d'héroïne et de cocaïne de près de 200 g qui s'est déroulé entre janvier et juin 2013.
Concubine et mule
Rachid a déjà 15 années de prison au compteur. Une précédente affaire de stupéfiants – pour laquelle il est incarcéré – le contraint, selon lui, à devoir rembourser une dette de 8.000 euros ou à payer de sa vie. Détenu à Vivonne, au moyen d'un téléphone portable « troqué » contre des cigarettes, il va faire bouger « ses » pions.
Sa concubine fait les transactions à sa place et transporte notamment de l'héroïne, au moins trois fois 50 grammes qu'elle se fournit auprès de Thierry. Lui taira le nom de son fournisseur car il « tient à sa vie ».
Un portable troqué contre des cigarettes en prison
Dans ce trafic à petite échelle, les trois autres prévenus sont impliqués de façon différente : Laurent qui se lance dans une production locale de toutes sortes de stupéfiants lui en vend, Fabrice qui nie toute participation au trafic avoue en avoir acheté, Michaël, lui, connaît Fabrice et est « accro à l'héro ». Tous sont donc entrés en contact avec la compagne de Rachid pour vendre ou acheter des produits stupéfiants.
Le procureur stigmatise les prévenus qui ne comprennent pas le sens des condamnations et qui ne font pas le bilan « coût-avantages » de leurs différents séjours en détention. Il requiert la peine plancher (4 ans) pour Rachid, 12 mois pour Thierry le fournisseur, 6 mois pour Fabrice (consommateur), 18 mois pour Laurent (qui cultive, consomme et détient un assortiment de drogues chez lui), 6 mois pour Michaël (consommateur récidiviste) et 12 mois avec sursis pour Nathalie (la mule).
Les avocats des prévenus se sont attachés à démontrer que le dossier n'était pas si extraordinaire que ça. Et que chacun à leur manière essayait de se sortir de situations personnelles et affectives difficiles. « Ce traficotage est quasi alimentaire, lance le conseil de Rachid. Il faut essayer d'apporter du sens à la sanction. Ce ne sont pas ces personnes-là qui dirigent le trafic. » Avant de conclure : « Il y a une différence entre le discours légaliste et le discours humaniste. »
Traficotage
Le tribunal condamne Rachid à un an ferme ; Thierry à 8 mois ferme ; Fabrice à 6 mois avec sursis mise à l'épreuve pendant 2 ans (obligation de soins et de travailler) ; Laurent à 18 mois dont 10 avec sursis mise à l'épreuve pendant 2 ans (obligation de soins et de travailler), Michaël à 2 mois ferme et Nathalie à 6 mois avec sursis.
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