Il avait déjà sévi en 2011 à Montmédy et à Metz : Sadik Djaïdia a été condamné à Colmar à cinq ans de prison ferme pour ses deux dernières prises d’otage en prison à Château-Thierry en 2012 et Ensisheim, le 14 août dernier.
Il était jugé hier pour ses deux dernières séquestrations. La première sur un aide médico-psychologique à Château-Thierry, en 2012. Quarante minutes sous la menace d’un manche de fourchette acéré, comme le raconte le petit homme costaud. « Il m’a dit : "Je te tuerai, je jouerai avec ta tête". » A Ensisheim, en août, une surveillante est tenue en respect avec un couteau de cantine effilé pendant treize heures.
- Le président : « Vous vouliez des médocs et obtenir un transfert, c’est ça ? »
- Djaïdia : « Fallait que j’aille dans une centrale à Paris. »
- Le président : « Mais Ensisheim est déjà une maison-centrale. »
- Djaïdia : « Pour avoir comme voisin Guy Georges et Francis Heaulme ? »
Djaïdia sait pourtant de quoi il parle, en nomade de la pénitentiaire, avec huit étapes dans les geôles du Grand-Est en deux ans : Strasbourg (trois fois), Montmédy, Metz, Nancy, Château-Thierry et Ensisheim. Où il commet quatre prises d’otage.
« Dangerosité maximale »
Au-delà d’un procès de la prison instruit par la défense, les débats se sont attardés sur la psychiatrie d’un détenu, dont la déclaration initiale, proche du délire sur fond de Coran, a troublé l’assistance : « En entrant en prison, j’ai joué un jeu diabolique et je me suis perdu. Mais j’ai la foi, grâce de Dieu. Je m’excuse auprès des victimes. Pour moi, le jugement dernier sera terrible. » Preuve de troubles graves de la personnalité pour son avocat, ce genre de diatribes bizarroïdes n’émeut ni le président ni les psychiatres. A quelques nuances près.
La première expertise, après la prise d’otage de Montmédy, évoque « l’intelligence normale » d’un prévenu scolarisé jusqu’en 3e , « des traits psychopathiques » mais « pas d’anomalie mentale ». La seconde, en novembre 2011, conclut à « une dangerosité criminologique majeure ». Ce qu’appuie la troisième, en juillet 2013, relevant « une dangerosité maximale ». La dernière, fin août 2013, écarte toute altération ou abolition de son jugement. « Deux expertises suggèrent néanmoins sans être explicites une altération de son discernement », rappelle Me Caen, alors que le parquet et le président évacuent très rapidement cette dimension des rapports. Le tribunal a tenu compte de ce lourd portrait psychiatrique, en le condamnant à cinq ans de prison. Le parquet avait requis sept ans.
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