Sept questions à Emmanuel Baudin, délégué syndical régional SNP-FO, surveillant à la centrale d'Alençon-Condé.
« Parce qu’il n’y a aucun changement dans les centres pénitentiaires, depuis les attentats. Avec le décret d’État d’Urgence, les gens se font contrôler leurs sacs à main, parfois même palper, à l’entrée des salles de concert, des magasins, etc. Mais aucun moyen supplémentaire, aucune mesure transitoire n’a été donnée dans les établissements pénitentiaires, pourtant confrontés au quotidien à l’Islam radical. Aucun contrôle supplémentaire n’est effectué à destination des visiteurs extérieurs et aux familles qui se rendent dans les établissements pénitentiaires. Or, pour Force Ouvrière, il y a bien une menace. Il existe bien un lien entre les événements extérieurs et l’intérieur des prisons. Le minimum, avec l’État d’Urgence, serait de rétablir les fouilles systématiques des détenus à l’entrée et à leur sortie des parloirs ».
Pour quelles raisons les rétablir ?
« Parce que des choses rentrent ! De la drogue mais aussi des portables, source de radicalisation car avec un portable, les détenus se connectent à internet. On le sait que supprimer les portables fait partie de la lutte contre la radicalisation ».
Qui peut décider de ce rétablissement des fouilles ?
« Le chef d’établissement du centre pénitentiaire. Celui de Lorient vient justement de le faire. Ou le Préfet, représentant de l’État dans le département. »
À défaut, quels pourraient être les moyens efficaces ?
« Un système qui nous permette de contrôler la personne dans son intégralité sans les fouiller. Car, pour le détenu comme pour nous les surveillants, les fouilles au corps ne sont évidemment pas plaisantes. Ici à Condé, on a un portique à ondes millimétriques mais ce n’est pas suffisant.»
En terme d’effectif de surveillants, où en est la Centrale de Condé ?
« On va accueillir une nouvelle promotion de sortie d’école. Ce qui portera les effectifs à 206 à la mi-décembre. C’est mieux, ça va nous permettre de mieux travailler. Sauf si, avec la carte de mutation, la semaine prochaine, on enregistre plus de départs que d’arrivées ».
Vous sentez-vous abandonnés ?
« On est la dernière roue du carrosse ! Depuis les attentats de novembre, on n’a rien de plus et rien de moins ! À la suite des attentats de janvier, le Grand-Ouest pénitentiaire avait reçu une enveloppe de 300 000 € pour lutter contre la radicalisation car on avait su que ceux qui avaient commis ces attentats étaient en contact avec des détenus mais l’enveloppe aurait aussi notamment permis de financer des stages de voile, de plongée, de boxe française ! C’est scandaleux. On avait pourtant demandé, nous les syndicats, à la direction inter-régionale, d’être associés aux choix de financement de projets avec cette enveloppe… Sans compter qu’avec les perquisitions qui vont déboucher sur la découverte d’armes et les contrôles renforcés des gendarmes, sur les bords des routes, de nouvelles peines, sans lien forcément avec le terrorisme, vont tomber et on va connaître un nouvel engorgement des prisons, déjà en surpopulation. »
D’où ce cri d’alarme ?
« Oui parce qu’on est en État d’urgence et que ça ne change rien alors qu’on sait qu’en prison, il y a un terreau. Or, on ne peut plus faire notre métier. C’est compliqué et inquiétant. Il faut légiférer vite et abroger l’article 57 de la loi pénitentiaire de 2009 qui interdit les fouilles systématiques des personnes détenues.»
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