mercredi 2 décembre 2015

Condé-sur-Sarthe - Dans la prison la plus sécurisée de France, des surveillants pas en sécurité ?

Les surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe, près d'Alençon (Orne), tirent la sonnette d'alarme. « La prison la plus sécurisée de France » ne le serait pas ! Explications.
 
Les agressions se multiplieraient dans la prison de Condé-sur-Sarthe, près dAlençon (Orne). Dimanche 29 novembre 2015, un détenu s’est “accroché” avec un surveillant. « Il s’était retranché dans la cuisine de l’office et voulait en découdre », indique à Normandie-actu Emmanuel Baudin, représentant syndical FO pénitentiaire pour la région grand Ouest. Pour le délégué syndical, le climat se dégrade de jour en jour dans la prison de l’Orne. La faute à une mauvaise application des sanctions disciplinaires, selon lui.

« Les détenus font la loi »

Mercredi 25 novembre 2015, une vingtaine de détenus auraient refusé de regagner leur cellule et en auraient profité pour insulter les agents pénitentiaires. Selon les syndicats FO et CGT, le mouvement se serait arrêté après une médiation avec un détenu, identifié comme « le leader des prisonniers ». « Il a d’ailleurs mis fin au mouvement des détenus après avoir obtenu satisfaction», précise FO. Pour le syndicat, ce détenu, qui doit purger une peine de prison jusqu’en 2055, est « le patron de la prison ». Une situation intolérable pour les surveillants pénitentiaires qui ont demandé son transfert. Ils demandent également que les règles soient les mêmes pour tous.
Les détenus n’ont pas à décider de ce qui se passe dans l’enceinte de la prison. Or, là, sous couvert d’acheter une paix sociale, la direction les laisse faire ce qu’ils veulent. Aucune sanction n’est prise quand les détenus insultent les surveillants. C’est révoltant ! », s’emporte Emmanuel Baudin.
Même son de cloche pour le représentant syndical CGT, Harold Valliènne. « Les violences sont cycliques, mais la tension est permanente, et rien n’est fait pour recadrer les détenus». Les détenus s’en étaient d’ailleurs déjà pris aux surveillants pénitentiaires le 5 octobre 2015.

« La PlayStation avant le quartier disciplinaire »

Au-delà de ces revendications, tout le système de fonctionnement du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe doit être revu, selon les syndicats. Surtout dans une prison qui n’a pas de directeur depuis plusieurs mois. « La direction applique les consignes, ne pas faire de vagues. Toutes les demandes des détenus sont acceptées », précise Emmanuel Baudin.

Une situation qui met les surveillants pénitentiaires sous haute tension. « Une surveillante a eu un problème avec un détenu qui lui a fait des avances, et c’est elle qui a été pénalisée, devant changer de secteur », s’étonne le responsable FO pénitentiaire.
Pour Harold Vallienne, délégué CGT, les détenus ont plus de droit que de devoir dans la prison. Il cite une anecdote, qui se serait produite il y a seulement quelques jours.
Un détenu, après une agression, devait être placé au quartier disciplinaire. Il a accepté d’y aller seulement si on le laissait finir sa partie de PlayStation… ce que la direction a accepté ! Les surveillants ont dû revenir le chercher 30 minutes plus tard.

De l’argent jeté par les fenêtres

La prison haute sécurité de Condé-sur-Sarthe, la « plus sécurisée de France », est, selon des agents, aux abois, sans avoir atteint le nombre maximum de détenus.
La prison peut accueillir 200 détenus et seulement 120 sont incarcérés ici. Ce qui en fait une prison haute-sécurité, ce sont les murs, mais, à l’intérieur, les détenus font ce qu’ils veulent. Cette prison est un gâchis, beaucoup d’argent a été jeté par les fenêtres », estime Emmanuel Baudin.
Pour Harold Vallienne, le mal est beaucoup plus profond. « Il ne faut pas forcément blâmer la direction car on ne sait pas si elle est totalement libre d’agir. Nous constatons que cette prison n’était pas voulue par le gouvernement actuel, et nous nous demandons si tout est fait pour maintenir l’autorité en ses murs », lâche-t-il.

Des tasers comme solution ?

Quels sont les moyens pour rétablir l’autorité. Pour la CGT, cela doit avant tout venir d’un soutien de la direction.
Il faut réamorcer l’autorité des surveillants et faire en sorte que chaque agression soit l’objet d’une mise en quartier disciplinaire automatique. Ce qui n’est pas forcément le cas actuellement», déplore Harold Vallienne.
Du côté de Force ouvrière, on réclame des équipements dissuasifs, notamment des tasers « On voit que les détenus sont méfiants envers les tasers et sont tout de suite plus calme quand ils en voient», explique Emmanuel Baudin. Pour la CGT, ce genre d’équipement serait trop dangereux. Contactée par Normandie-actu, la direction de la prison n’a pas donné suite.
www.normandie-actu.fr

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