Quand la présidente lui énumère les formules d'usage - "le tribunal a le devoir de vous juger au nom du peuple français" -, il pouffe.
Pour lui, cette histoire de portable n'est qu'une peccadille. Après Colmar, Mulhouse, Arles, L.B. poursuit son tour de France des prisons à Luynes où il vient d'atterrir.
D'une prison à l'autre, il ne voit hélas pas grand-chose du pays qu'il traverse ; ses 23 condamnations dans de multiples affaires de cambriolages et de recel sur la Côte d'Azur, d'où il est originaire, limitent considérablement sa mobilité.
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Mercredi dernier, le voilà à nouveau devant des juges, au tribunal correctionnel d'Aix où on lui reproche un coup de sang le 10 mai dernier dans les geôles de la prison d'Arles. Ce jour-là, dans sa cellule sont découverts un portable et une carte Sim. Strictement interdit par le règlement. Les gardiens appliquent la procédure et les lui confisquent, il s'emporte, se saisit du téléviseur et l'explose contre le mur.
Placé à l'isolement, il n'a aucun contact
Dans le box, comme pour démentir cette réputation d'impulsivité, il arbore un visage jovial et détendu. Vêtements, cheveux longs et barbe fournie ne renvoient qu'à une unique couleur, le noir.
Soupçonné d'adhérer à un islam radical, Lionel Béatini a longtemps été placé sous surveillance avant d'être, en détention, maintenu à l'isolement. Il ne croise aucun autre détenu et ses contacts humains sont réduits au strict minimum.
"J'ai eu un moment de frustration, je me suis énervé", se défend-il, assurant au passage préférer la lecture et la radio à la télévision."La vérité, un téléphone, c'est banal en prison, à l'isolement, je ne vois personne, il y a trop de tentations. C'est pas pour m'évader ou faire un trafic, c'est juste pour garder le lien avec la famille, j'ai que ça pour me libérer".
Du côté de l'administration pénitentiaire, qui le transfère régulièrement, l'inquiétude serait moindre s'il n'avait pas déjà tenté par trois fois de se faire la belle dans les deux prisons alsaciennes qu'il a fréquentées ainsi qu'au tribunal de Grasse, lors d'une audience où il avait bondi hors du box. Pour expliquer son recours à un téléphone, le détenu se justifie aussi par l'absurdité du dispositif en place dans les prisons : "La cabine téléphonique coûte 20 € pour une demi-heure d'appel alors qu'avec 20 € le portable c'est illimité."
Malgré les suppliques de son avocat qui souligne la nécessité de maintenir "un lien humain" et appelle à ne pas ajouter "de la peine à la peine", le tribunal charge Lionel Beatini de 6 mois de prison supplémentaires qui s'ajoutent à toutes les peines déjà amoncelées sur la tête du garçon, libérable seulement en 2028. L'administration lui réclame aussi 178,80€, pour le téléviseur cassé.
La Provence
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