Le transfert des derniers détenus de la prison des Baumettes historiques avant leur destruction occasionne quelques complications…
La fin approche pour les Baumettes historiques. Initialement prévue pour le 18 juin, la fermeture du bâtiment B de la prison des Baumettes historiques à Marseille a finalement été reportée au 28 juin.
Les transferts des détenus ont pris du retard. « Ils ont fait les transferts dans la précipitation alors qu’ils le savaient très bien », regrette Rabha Attaf, membre de l’ONG Confluences, pour la promotion et la défense des droits humains.
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Conséquence, la situation des détenus est gérée à la va-vite. « Un jeune de 19 ans devait passer devant la commission d’aménagement des peines le 5 juin. L’administration l’informe que ce sera finalement le 12, puis l’après-midi on lui indique qu’il est transféré. Une fois arrivé à Draguignan, on lui explique que la prochaine commission sera le 5 juillet, le 12 juin concerne uniquement les Baumettes », témoigne Rabha Attaf. Résultat, un mois de prison supplémentaire d’office pour ce détenu.
« Obligé de faire du stop »
Des transferts qui ont aussi, et surtout, des conséquences sur le maintien des liens familiaux, dont l’administration a l’obligation de préserver, essentiels pour la réinsertion des prisonniers. C’est particulièrement le cas pour les prisonniers transférés à Draguignan, où un important transfert a eu lieu fin mai.
« J’ai accompagné une famille qui n’avait pas de voiture. Il faut prendre le train de Marseille jusqu’aux Arcs, puis un bus vers la gare routière de Draguignan qui passe toutes les heures. Une fois à Draguignan il faut reprendre un bus qui passe toutes les deux heures pour rejoindre la prison. On a loupé le bus au retour, on a été obligé de faire du stop », dénonce Rabha Attaf.
Les Baumettes 2 remplies à 150 %
Tous ces transferts entraînent fatalement une augmentation du taux d’occupation des autres prisons, et notamment celle des Baumettes 2. « Oui effectivement je vous confirme que le taux d’occupation n’est pas loin des 150 % dans les Baumettes 2 », glisse une surveillante pénitentiaire.
Une situation problématique qui perdure depuis l’ouverture du nouveau bâtiment, il y a plus d’un an, et qui ne cesse de s’accroître. « Actuellement toutes les cellules sont doublées mais nous veillons particulièrement à ce qu’elle ne soit pas triplée », prévient Christophe Buono, secrétaire local du Syndicat Pénitentiaire des Surveillants.
Contrainte de temps et d’effectifs
Il reste aujourd’hui 123 prisonniers aux Baumettes historiques, qui seront transférés à Luynes, à Draguignan et même jusqu’à Grasse (Alpes Maritimes). « Les derniers transferts auront lieu jeudi, vers le Quartier de préparation à la sortie (QPS), qui viendra juste d’ouvrir », annonce Guillaume Piney, le directeur du centre pénitentiaire des Baumettes.
« J’ai bien conscience du traumatisme que représente un transfert. Mais nous avons dû mener cette opération avec une contrainte de temps, et une contrainte d’effectif carcéral », explique-t-il. Guillaume Piney a bien eu vent de la situation du jeune de 19 ans, mais pour lui il s’agit d’exception.
« Nous avons dû transférer près de 900 détenus, c’est une opération qui nécessite de l’anticipation. Nous avons essayé au maximum d’individualiser les transferts avec les autorités pénitentiaires mais c’est possible qu’il y ait un loupé. Ça reste à la marge », avance le directeur.
Montée en charge de Luynes
Pour ce qui est de l’éloignement, Guillaume Piney n’avait pas vraiment d’autre choix, selon lui. « La seule possibilité de l’éviter était de mettre trois personnes par cellules dans des prisons plus proches. J’ai préféré les transférer dans des établissements neufs, avec des conditions de détention normales. Nous avons transféré à Draguignan les détenus avec une possibilité d’aménagement de peine en priorité », se justifie-t-il. Selon lui, la situation devrait également s’améliorer avec la montée en charge progressive de la nouvelle prison de Luynes, ouverte en avril dernier.
Le bâtiment des Baumettes 3, qui remplacera celui des Baumettes historiques, ne devrait, quant à lui, pas voir le jour avant 2023.
20 Minutes
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