mercredi 8 février 2017

« En direct de la prison de Toulouse » : des détenus se filment dans leur cellule

Des détenus, disant être incarcérés à Toulouse, ont publié une vidéo de l'intérieur de leur cellule en janvier 2017. Une « provocation » pour un syndicat pénitentiaire. Les images.

PrisonSeyssesFilmBéziers

« Ben alors, y a pas muscu ? ». Lundi 23 janvier 2017, une vidéo a été mise en ligne sur YouTube. Cette dernière vient du site Periscope, intitulée « La taul ou le pactole ». Longue de 11 minutes, elle filme, selon ses auteurs, l’intérieur d’une cellule de la maison d’arrêt de Seysses, près de Toulouse. Vraiment ?

Regardez la vidéo, ci-dessous :



« On est en direct de Toulouse »

Un adolescent en train de rouler un joint sur son lit, de la musique en fond, des amis dans une chambre… la scène pourrait paraître banale, sauf qu’elle se déroule en prison. En direct, la vidéo a été visionnée par une centaine de personnes (sans compter les 1 456 vues de YouTube).

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Les auteurs, dont un était libérable sous cinq jours apprend-t-on dans la vidéo, en profitent d’ailleurs pour répondre aux questions de leurs spectateurs. Quand l’un d’entre eux leur demande la localisation de leur prison, ils répondent :

À Toulouse, on est en direct de Toulouse.

Pourtant, Jérome Massip, le secrétaire général national du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS), qui a notamment travaillé à Seysses, l’affirme : ces images auraient plutôt été tournées à la prison de Béziers (Hérault).

Les bâtiments qui apparaissent à l’écran sont hauts de quatre étages. Or, à Toulouse, nous n’avons pas ce genre de configuration. Ça a d’ailleurs été confirmé par le directeur interrégional des services pénitentiaires de Toulouse, Stéphane Scotto.

Contactée, la direction interrégionale des services pénitentiaires de Toulouse n’a cependant pas confirmé cette information, mais a tout de fois précisé qu’une enquête avait été ouverte pour faire la lumière sur cette affaire.

Drogue et téléphones portables

Sur les images, les jeunes détenus ne se cachent pas de posséder de la drogue dans leurs cellules. Et pourtant, l’usage de stupéfiants ainsi que la circulation des téléphones portables, sont strictement interdits en prison.

Là, il reste un peu de beuh d’Amsterdam, là c’est de la Bolivienne, énumèrent-ils.

Pour Jérome Massip, ces images illustrent une « hypocrisie » au sein des services carcéraux, qui dure « depuis plus de dix ans ». Dans sa ligne de mire : l’article 57 de la loi pénitentiaire de 2009, maintenu par Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice. Ce dernier empêche les fouilles systématiques, notamment quand les détenus ont eu un contact avec l’extérieur par le biais du parloir.
En octobre 2016, Jean-Jacques Urvoas, l’actuel Garde des Sceaux, avait soumis un amendement pour modifier cet article.

Cet amendement permet de mettre en œuvre des mesures de fouilles lorsqu’il existe une suspicion d’entrée en détention de matériels interdits ou dangereux sans que l’on connaisse l’identité des personnes détenues responsables, précisait alors un communiqué de presse du ministère de la Justice.
Insultes et menaces quotidiennes

Sur le terrain, le syndicaliste dénonce un climat hostile aux agents pénitentiaires. « Les détenus pensent avoir tous les droits. Si on leur demande de nous donner le téléphone qu’ils ont en main, ils refusent, nous insultent, nous menacent… ».

Cette vidéo est une défiance vis-à-vis du personnel pénitentiaire. On passe pour des billes, alors qu’on y est pour rien, souffle-t-il.

En plus de demander une lutte spécifique contre la circulation des téléphones portables, Jérome Massip précise qu’une arrivée de brouilleurs dernière génération leur a été promise. Ces derniers servent à brouiller les réseaux Wifi, 3G et 4G dans l’enceinte des établissements pénitentiaires, grâce à des machines qui envoient des ondes pour neutraliser les autres.

« Mais on attend toujours », soupire le syndicaliste.

Dégâts matériels

Enfin, sur les images de la vidéo, on distingue un trou dans les barreaux de la cellule, permettant aux détenus de filmer l’extérieur et de faire passer des objets. Ces panneaux, appelés « caillebotis », ont été placés sur les dernières constructions, précise Jérome Massip.

« Ils sont là pour éviter que les détenus ne jettent des objets par la fenêtre ou ne les fassent passer à leurs voisins », explique-t-il. Comme le montrent les images, ce matériel peut être dégradé, ce qui cause des problèmes de sécurité, précise le syndicaliste.

Mais les établissements sont gérés par des contrats privés ou mixtes, ce qui rend les choses plus lentes. Or, nous dénonçons ce genre de problèmes depuis plusieurs années.

De son côté, la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Toulouse n’a pas souhaité réagir quant à cette vidéo, précisant que des investigations sont toujours en cours.

Actu Côté Toulouse

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