mardi 6 septembre 2016

Attaques contre des surveillants d'Osny : Bilal Taghi, un détenu discret et réfractaire

L'Yvelinois de 24 ans, incarcéré dans l'unité de prévention de la radicalisation de la maison d'arrêt du Val-d'Oise, a agressé, dimanche, deux agents pénitentiaires. 

En garde à vue, il aurait reconnu la préméditation de son acte.

Comme Larossi Abballa, le tueur du couple de policiers à Magnanville (Yvelines), Bilal Taghi est passé à l’acte après avoir été condamné pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste par le tribunal correctionnel de Paris.



Comme Larossi Abballa encore, qui y a effectué une partie de sa détention, Bilal Taghi, 24 ans, était écroué à la maison d’arrêt d’Osny (Val-d’Oise). Signe que désormais, certains islamistes radicaux semblent dotés d'un sens de la filiation, et sont prêts à tout pour perpétrer leurs crimes.

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Il est 15 heures, dimanche, lorsque Bilal Taghi est invité à quitter l’aile de l'unité de prévention de la radicalisation qui abrite sa cellule pour rejoindre la cour de promenade. Le détenu s’avance alors avec une serviette, sous laquelle il dissimule un poinçon dont la longueur oscille, selon les sources, entre quinze et vingt-cinq centimètres.

Etonné, un surveillant somme Taghi de reposer la serviette dans sa cellule. Moment choisi par ce dernier pour planter le poinçon dans le dos du fonctionnaire.

Malgré sa blessure, le surveillant tente de s’échapper mais Taghi le rattrape et lui transperce la gorge.

Un second agent se précipite alors pour lui porter secours. Il sera blessé au bras et au visage. C'est finalement l’intervention des équipes régionales d’intervention et de sécurité qui conduira à la neutralisation de Taghi, cible d'un tir de balle en caoutchouc en pleine poitrine.

Un cœur dessiné avec le sang de sa victime

Lundi, l’agression a suscité un vif émoi parmi les personnels de l’administration pénitentiaire. Un collègue du surveillant blessé à la gorge juge «miraculeux» qu’aucun décès ne soit à déplorer.

Selon des constatations médicales, le poinçon ne serait en effet passé qu’à 2 millimètres de la carotide du fonctionnaire.

L’attaque jihadiste en prison, pressentie et redoutée depuis de longs mois, semble, cette fois, avoir bel et bien eu lieu. Le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête ouverte pour «tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste».

En garde à vue, Bilal Taghi aurait confirmé aux policiers avoir prémédité son acte. En outre, il aurait dessiné sur un mur du bâtiment un cœur avec le sang de sa victime avant de se mettre à prier. Toutefois, l'attaque n'a, pour l'heure, pas été revendiquée par un quelconque groupe jihadiste.

Mi-juin, Larossi Abballa avait clairement encouragé d’autres jihadistes à tuer dans une vidéo de revendication postée depuis le domicile de ses victimes, Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing, sur Facebook live.

D’un ton robotique, il énonce : «Je vous appelle à privilégier les policiers, les surveillants pénitentiers (sic), les journalistes […], écoutez-moi et mettez bien ça en œuvre.» Abballa ayant lui-même été détenu à Osny, les premières investigations s’attachent à démêler un éventuel réseau commun, voire un inspirateur présent en Syrie.

Départ en Syrie en janvier 2015

Originaire de Trappes (Yvelines), Bilal Taghi a déjà tenté de gagner le territoire du califat. C’était dans la nuit du 17 au 18 janvier 2015, quelques jours à peine après la tuerie de Charlie Hebdo et la prise d’otage de l’Hyper-Cacher de la porte de Vincennes. Accompagné de sa femme, Sihem Laidouni, de leur bébé, et de deux amis, ils optent pour le covoiturage.

Pour tromper la vigilance des gardes frontière des différents pays traversés, ils emportent de faux cartons d’invitation pour un mariage en Turquie. Mais une fois le Bosphore franchi, à 400 kilomètres de la frontière syrienne, ils dérapent et effectuent plusieurs tonneaux sur la route. Hospitalisés, puis arrêtés, ils sont expulsés vers la France en mars 2015.

Lors du procès, qui s’est tenu en février à Paris, les deux amis présents dans la voiture, Mansour Ly et Fayçal Aït Messoud, qualifient Bilal Taghi «d’émir» de l’équipée.

Sa femme, Sihem Laidouni, dira également que c’est son mari, condamné à huit mois avec sursis en 2013 pour vol aggravé et extorsion, qui insistait depuis des mois pour qu’ils partent en Syrie. Une ardeur qu’elle prétend avoir longtemps contenue avant de finir par céder. Déterminé, Taghi désirait-il suivre la trajectoire de ses deux frères ayant rejoint l’Etat islamique, mais dont l’un, Khalid, a été tué en novembre 2014 ? Jusqu’au dernier moment en tout cas, il niera avec désinvolture devant le tribunal. Condamné à cinq d’emprisonnement, Taghi était décrit comme «discret» dans l’unité dédiée de la prison d’Osny. Mais «réfractaire» à toute initiative de désembrigadement.

Libération

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