lundi 5 septembre 2016

Cinq ans ferme pour avoir ébouillanté un gardien de prison

Il a tout juste 19 ans et est incarcéré depuis ses 14 ans! 

Vendredi, Damien Lafages a ajouté quelques années de détention supplémentaires, pour avoir balancé une casserole de lentilles bouillantes au visage d'un gardien, avant de le poursuivre dans les coursives du centre pénitentiaire. Pic artisanal en main.



Vendredi, dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre, un grand écran a été installé juste derrière les magistrats afin de suivre les exploits de Damien Lafages, un détenu de 19 ans, affichant déjà 14 mentions sur son casier et présentant la particularité d'être incarcéré depuis maintenant cinq années.

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Le film ? Un mauvais polar, filmé à partir de deux caméras de sécurité installées dans l'enceinte du centre pénitentiaire de Baie-Mahault et qui ont immortalisé la sauvage agression du surveillant de prison survenue en début de semaine.

Les images diffusées, avec leur contenu forcément violent, devaient servir de preuve. Elles ont totalement rempli leur rôle. La présidente du tribunal résume : « En fait, tout a débuté un peu plus tôt dans la matinée, quand le surveillant de prison visé a confisqué le téléphone portable du détenu. »

Pour la magistrate, il est question de guet-apens. Et de vengeance aussi. « Le prévenu, juste avant la scène qu'on a vue à l'image, va interpeller un surveillant chef et dire que sa télé est en panne. Ce qui était faux. Le but étant seulement de faire revenir le gardien ayant eu à confisquer le portable. »

DES REVENDICATIONS À LA PELLE

À la barre, Damien Lafages l'admet. « J'ai déconné. C'est vrai. Mais je ne peux pas revenir en arrière. » Ça ne l'empêche pas de tenter de justifier son geste.

« Vous savez, des téléphones en prison, il y en a plein. Je peux m'en acheter d'autres et des plus beaux. Quand le gardien m'a demandé le mien, je voulais lui remettre. Mais pas tout de suite. C'est là qu'il m'a mis une calotte. Que ce soit en Guyane ou en France, aucun surveillant n'avait jamais levé la main sur moi. Que vouliez-vous que je fasse ? » , questionne-t-il sans ciller. Avant de finalement confirmer la thèse du traquenard : « Moi, si j'ai fait revenir le surveillant c'est parce que je voulais avoir une explication avec lui pour la claque, devant un chef. Mais quand je l'ai vu arriver seul, j'ai pété les plombs. »

Pour la remise en question, il faudra donc repasser. De toute façon, Lafages n'est pas là pour ça. Mais pour revendiquer. Tout y passe. Il y a, pêle-mêle, les conditions de détention difficiles, les violences entre détenus ou encore l'impossibilité de se former et de pouvoir rencontrer un psy. « J'en ai marre. Je ne devrais pas être ici. Moi, je veux juste qu'on me renvoie en France. » Le reste, il s'en balance. Et pour cause : « J'ai passé toute mon enfance en prison. Si je suis devenu comme ça, c'est à cause de la prison. »

Des propos qui n'ont pas porté. La partie civile n'a retenu que « la violence démesurée et gratuite » de l'agression. Du côté du ministère public, la réaction s'est voulue identique : « Ce jeune homme se plaint qu'on ne lui ai pas donné sa chance. Et vient nous expliquer que tout lui est dû. Sauf qu'au lieu de se tenir à carreau en détention, il multiplie les agressions. Qu'espère-t-il ? Qu'on le remette dehors et lui décerne une médaille ? Ce n'est pas possible. Il est potentiellement et réellement dangereux. »

MANDAT DE DÉPÔT DÉCERNÉ

La plaidoirie du conseil de Lafages verse dans le fatalisme : « J'ai peur qu'il se fiche de la condamnation. La prison, c'est sa vie. Il y a grandi et passé la majorité de son temps. »

Il y passera quelques années de plus, puisque le tribunal l'a condamné à 5 ans de prison ferme. Avec mandat de dépôt à la clé. C'est ce qu'avait requis la représentante du procureur.

France-Antilles

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