jeudi 8 septembre 2016

Où va l'argent des associations qui luttent contre la radicalisation?

Plusieurs millions d'euros ont été dépensés depuis les attentats contre Charlie Hebdo dans la lutte contre la radicalisation en France. 

Le gouvernement a mis en place en avril 2014 un numéro vert pour le signalement d'éventuels départs en Syrie ou en Irak.

Aujourd'hui, certains dénoncent le détournement d'une partie de ces fonds ou les méthodes employées par ces associations.



Comment lutter contre la radicalisation? Dans un contexte de "menace terroriste extrêmement élevée", comme l'a rappelé mercredi le ministre de l'Intérieur, le gouvernement s'est lancé dans ce combat, de manière encore plus acharnée depuis l'attentat contre Charlie Hebdo.

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Ce jeudi, François Hollande participe à un colloque consacré à "la démocratie face au terrorisme". L'occasion pour le président de la République de présenter sa vision de la société face à cette menace.

Depuis plusieurs mois, de nombreuses associations se sont emparées de la question de la lutte contre la radicalisation, alors que l'on recense plus de 900 candidats au départ pour la Syrie ou l'Irak. Depuis le début de l'année, 37 personnes auraient en outre été détectées sur le sol français comme revenant de ces zones de guerre. Par ailleurs, cinq prisons disposent désormais d'une unité dédiée où sont regroupés les détenus radicalisés.

Détournement de subventions

Mais aujourd'hui, la gestion de l'argent public versé à ces associations où les méthodes employées sont décriées pose question. Plus de huit millions d'euros ont été alloués à la prévention, tandis que de nombreux acteurs se sont alors lancés sur ce créneau. Dysfonctionnements, surexposition médiatique, absence de soutien aux familles... aujourd'hui, une responsable est accusée d'avoir détourné des fonds publics.

"J’étais totalement néophyte sur ce sujet-là", confie à BFMTV Julien Revial. Ce dernier, encore étudiant en droit, a été embauché pour être "coordinateur administratif" de la structure "La Maison de la prévention et de la famille". Outre le gonflement des coûts, il s'attaque à l'expérience des personnes recrutées. "La psychologue qui accompagnait les familles, et qui le faisait de son mieux possible, c’était une psychologue stagiaire qui effectuait son stage de fin d’étude", détaille-t-il.

Chant, théâtre...

Dans les prisons, la situation est quasi-identique. Un document confidentiel issu de l'administration pénitentiaire, que s'est procuré BFMTV, liste l'ensemble des programmes, formations ou activités mis en place dans les prisons pour lutter contre la radicalisation. Cour d'escrime, séance de kinésithérapie, chant, atelier photo... autant d'activités proposées aux détenus de ces unités dédiées, et dont l'impact est impossible à estimer.

Le ministère de la Justice refuse de communiquer le coût de ces programmes mais certains y voient un véritable gâchis. "J’ai eu l’occasion moi-même sur la région de Rennes de voir un directeur partir faire du catamaran avec trois détenus", rapporte Emmanuel Gauthrin, secrétaire général de FO Pénitentiaire. "On se pose des questions car c’est tout de même l’argent du contribuable, ça coûte extrêmement cher."

Plus de 1.800 personnes sont aujourd'hui suivies par ces associations ou les cellules mises en place dans les préfectures. Mais aucune statistique ne permet de savoir combien ont pu être radicalisées. Face à ce constat, ou plutôt à cette absence de constat, certains réclament des comptes. "Pourquoi on n’évaluerait pas tel budget, tant de gens, quels sont les résultats, combien de personnes on a empêché de partir", réclame Esther Benbassa, sénatrice écologiste. "Il faut qu’on sache".

BFM TV

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