jeudi 2 février 2017

Des espions en prison, une "révolution culturelle"

Le "Bureau Central du renseignement pénitentiaire" vient de voir le jour. Désormais, les services pénitentiaires entrent officiellement dans la communauté du renseignement.

Dans un quartier dédié aux jihadistes de la prison de Lille-Annoeullin (Nord) le 11 octobre 2015. (illustration)

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas avait prévenu en juin dernier devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la lutte contre le terrorisme : "Tout est à faire" en terme de renseignement pénitentiaire.


Avec plus de 500 détenus incarcérés pour terrorisme (400 pour "terrorisme islamiste"), et plus de 1.500 autres détenus qu'on estime "radicalisés", il y avait urgence à repenser tout le réseau pour que les informations remontent mieux, pour qu'elles soient centralisées, triées puis analysées.

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Ce sera la mission du "Bureau Central du renseignement pénitentiaire" qui voit le jour ce 1er février. Désormais, les services pénitentiaires entrent officiellement dans la communauté du renseignement.

"Une vraie révolution culturelle" derrière les barreaux, confirme un haut cadre des services. Car en intégrant le cercle fermé de la famille du renseignement, un certain nombre de ses agents auront accès à ses techniques : sonoriser des cellules, réaliser des écoutes téléphoniques, installer en détention des IMSI-catchers : ces valises, capables d'aspirer, dans un certain périmètre, toutes les données des téléphones portables, sans que les détenus ne s'en rendent compte. Des téléphones portables qui pullulent en détention: 26.000 ont été trouvés lors de fouilles en 2016.

Des agents habilités "secret défense"

Une quarantaine de personnes seront en poste au Bureau Central d'ici la fin de l'année. 83 dans les cellules interrégionales, épaulés par des traducteurs, notamment arabophones, ainsi que des spécialistes informatiques.

L'Académie du renseignement, très réputée, a d'ailleurs ouvert ses portes pour former certains de ces cadres, signe d'une volonté de professionnalisation de la surveillance.

Tous ces agents seront désormais habilités "secret défense", en lien direct avec les autres services de renseignement du pays : la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure), la DGSE (direction générale de la sécurité intérieure), les renseignements territoriaux.

L’obsession de ces nouveaux espions : les évasions, le risque terroriste, "sans oublier le grand banditisme", insiste Géraud Delorme. Ce directeur de prison pilote depuis 6 mois la réforme du renseignement pénitentiaire : "Près de 500 personnes sont incarcérées pour criminalité ou délinquance organisée, ce qui est un pendant du terrorisme islamiste, ce volume là de personnes ne doit pas être oublié. Les établissements pénitentiaires connaissent aujourd'hui des risques, qui ne sont pas seulement liés au terrorisme."

Du renseignement parfois encore "à temps partiel"

Ces agents de l'ombre ne seront pas au contact des détenus. Ce travail de terrain reste dans les mains du délégués local du renseignement, chargé de rassembler incognito toutes les informations soufflées par ses collègues, mais aussi de lire une partie du courrier jugé "sensible", et d'écouter certaines conversations enregistrées sur les cabines téléphoniques de la prison.

Des efforts ont été fait en terme de recrutement, mais pour la plupart des surveillants désignés dans chaque prison comme délégué local du renseignement, cette mission ne reste qu'une tâche parmi d'autres...

RTL

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