mercredi 7 septembre 2016

Agression à Osny: les unités pour détenus radicalisés à nouveau fustigées

L'agression dimanche de deux surveillants pénitentiaires de la maison d'arrêt d'Osny par un détenu radicalisé relance le débat de ces structures spéciales. Depuis trois jours, les syndicats crient leur colère.

Les unités de prévention de la radicalisation sont fortement décriés par certains syndicats pénitentiaires (Photo d'illustration).

"Ces unités sont une absurdité, un mensonge d'Etat entériné par le Premier ministre". Interrogé par 20 Minutes, Jean-François Forget, secrétaire général de l'UFAP-Unsa Justice, premier syndicat de l'administration pénitentiaire, ne cache pas sa colère et son exaspération.



Pour lui, comme pour plusieurs autres syndicats, l'agression dimanche de deux surveillants par un détenu de l'unité de prévention de radicalisation à la maison d'arrêt d'Osny, dans le Val-d'Oise, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Par la voie de leurs représentants, ces syndicats dénoncent les conditions de sécurité dans ces unités de prévention de la radicalisation (UPRAD) créées l'année dernière.

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Lundi, la CGT Pénitentiaire a été l'un des premiers à réagir à cette attaque. Dans un communiqué, le syndicat rappelle "sa perplexité quant à l'efficacité de ses nouvelles structures de prise en charge [...] Nous soulignions à l'époque notre crainte quant au regroupement de détenus ayant le même profil fanatique au sein d'une même structure, préférant l'isolement et la dispersion sur plusieurs sites, afin d'éviter que cela devienne une 'carte de visite' pour le détenu".

"Un nombre conséquent de personnel"

En France, il existe cinq quartiers dédiés au regroupement d'islamistes en prison. Ces unités de prévention sont réparties dans quatre établissements pénitentiaires: Fresnes (Val-de-Marne), Lille-Annoeullin (Nord), Fleury-Mérogis (Essonne) et Osny (Val-d'Oise). Dans cette dernière, les agents sont sous le choc depuis dimanche, raconte Jérôme Nobécourt, délégué régional FO, au Parisien: "Nos collègues ont pris en charge des victimes en sang, ont fait des points de compression. Les plaies étaient impressionnantes".

Selon lui, ces structures spéciales ne sont "pas fiables". "Nous demandons la création d'un établissement dédié, avec un nombre conséquent de personnel. A Osny, il ne devrait n'y avoir qu'eux. Mais à cause de la surpopulation pénale, on se retrouve parfois avec des primo-arrivants et d'autres détenus", grogne le délégué régional.

"Avec ces unités dédiées, le détenu devient quelqu'un"

La surpopulation à la maison d'arrêt d'Osny, c'est aussi ce que pointe du doigt Jean-François Forget dans les colonnes du Figaro. "Le quartier arrivants est tellement débordé qu'il n'est pas rare que des détenus soient affectés dans l'unité dédiée [aux détenus radicalisés, NDLR] alors qu'ils n'ont rien à y faire. À l'inverse, les détenus qui sont accueillis dans l'unité dédiée sont régulièrement remis en détention classique puisque les sessions ne durent pas plus de huit semaines", bougonne le secrétaire général de l'UFAP-Unsa Justice dont le syndicat requiert "la mise en place de structures adaptées et sécurisées".

Pour Ahmed El Hoummass, de la CGT Pénitentiaire, placer dans un même endroit ces détenus n'est pas la solution. "Où est-ce qu'on a vu qu'on rassemble tous les mauvais éléments de quatrième dans la même classe au collège? En détention c'est la même chose", s'interroge ce dernier, joint par 20 Minutes. Les conditions de détention posent elles aussi problème d'après lui: "Avec ces unités dédiées, on permet au détenu d'avoir une identité carcérale. Il devient quelqu'un, acquiert de la notoriété. Les détenus qui veulent obtenir une cellule individuelle savent ce qui leur reste à faire".

L'Express

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