jeudi 8 septembre 2016

Unité pour radicalisés d'Osny : une attaque de plus grande ampleur avortée ?

Au total, quatre détenus de la maison d'arrêt d'Osny ont été placés en garde à vue après l'agression au couteau de deux gardiens dimanche après-midi.

Unité pour radicalisés d'Osny : une attaque de plus grande ampleur avortée ?

atre jours après l'attaque au couteau dans laquelle deux surveillants pénitentiaires ont été blessés dans l'unité de prévention de radicalisation à la maison d'arrêt d'Osny, dans le Val d'Oise, la piste terroriste prend de l'épaisseur.


Agression à la maison d'arrêt d'Osny : un acte terroriste ?

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L'auteur des coups de couteau, Bilal Taghi - 24 ans, condamné à 5 ans de prison en mars dernier pour avoir tenté, comme ses trois frères, de rejoindre les rangs de l'Etat islamique en Syrie en janvier 2015 -, et trois autres détenus de la maison d'arrêt ont été placés en détention et le parquet antiterroriste s'est saisi du dossier. Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si les coups de couteau portés aux deux surveillants ne sont pas le résultat d'un projet avorté - et plus large - d'attaque concertée entre plusieurs détenus sur le personnel de l'établissement pénitentiaire.

Comment s'est passée l'attaque ?

"Une scène d'une rare violence", écrit "Le Monde". Sur les images captées par les caméras d'Osny, il est 14h53 ce dimanche, quand Bilal Taghi quitte sa cellule pour rejoindre la promenade. Le surveillant posté devant sa cellule semble alors lui demander de faire demi-tour pour déposer la serviette de bain que Bilal Taghi tient à la main.

C'est à ce moment-là que le détenu en sort une lame d'une trentaine de centimètre - confectionnée à partir d'une tige métallique, selon ses déclarations devant les enquêteurs - et agresse le surveillant. Neuf coups en seulement quatorze secondes, visant principalement la tête du gardien. Ce dernier parvient à s'échapper et un de ses collègues est à son tour frappé au bras et au visage.

Selon "Le Monde", trois heures vont s'écouler avant que Bilal Taghi ne soit interpellé à 17h45 après avoir reçu un tir de balle en caoutchouc. Un très long laps de temps au cours duquel les caméras de surveillance n'ont rien manqué de ses allées et venues dans la prison : le détenu, arme à la main, se déplace entre les étages et... dessine un coeur sur un muret avec le sang d'un des gardiens agressés avant d'entamer une prière.

Des complices ?

Mais ce sont les interactions entre Bilal Taghi et plusieurs de ses co-détenus qui intéressent particulièrement l'enquête désormais. Entre la double attaque et son interpellation, le détenu - très énervé - parle avec plusieurs autres détenus et la teneur de leurs échanges n'est pas connue. Mais le comportement de l'un d'entre eux intrigue : Abdelhakim A. stationne dans le couloir où a eu lieu l'agression et s'adresse à plusieurs détenus toujours dans leurs cellules. Il fait alors passer sous leurs portes des objets, qui se révéleront être des débris de miroir. Abdelhakim A. et les deux destinataires de ces morceaux de verre ont également été placés en garde à vue.

"La réaction de ces détenus après une tentative de meurtre interroge. Dans le régime général de détention, certains auraient tenté de raisonner l’agresseur, voire de l’immobiliser. Ici, on constate à tout le moins une bienveillance troublante : personne ne lui retire son arme", analyse un employé de l'administration pénitentiaire auprès du "Monde" :

"Ces gens ne se connaissaient pas avant qu’on les enferme ensemble : ils se considèrent désormais comme des frères. Ces unités ont créé un effet de groupe."

Toujours selon "Le Monde", la fouille des cellules à Osny, ordonnée après l'agression de dimanche après-midi, a permis la découverte de trois téléphones portables, d'une carte SIM, et de plusieurs objets tranchants, telle une paire de petits ciseaux, en plus des fameux débris de miroir.

Des unités de détention critiquées

Il existe en France cinq quartiers dédiés au regroupement d'islamistes en prison. Ces unités de prévention de la radicalisation, très décriées par certains syndicats pénitentiaires, sont réparties dans quatre établissements pénitentiaires : Fresnes (Val-de-Marne), Lille-Annoeullin (Nord), Osny (Val-d'Oise) et Fleury-Mérogis (Essonne). Dans le cas d'Osny, l'unité de prévention de radicalisation de la maison d'arrêt d'Osny - ouverte le 25 janvier 2016 - accueillait 18 détenus avant l'agression, tous en cellule individuelle.

Opposé depuis l'origine à l'expérimentation des unités dédiées à la prévention de la radicalisation menée dans quatre établissements pénitentiaires, l'UFAP UNSa Justice - le principal syndicat pénitentiaire - a demandé lundi "l'arrêt immédiat de cette hérésie" et "la mise en place de structures adaptées et sécurisées".

"Notre organisation n'est pas opposée à une prise en charge adaptée des détenus pour faits de terrorisme au nom de l'Islam politique et militant, tout, comme ceux se revendiquant de cette mouvance" mais "cette prise en charge doit être assurée au sein de structures spécialisées garantissant la sécurité des personnels qui interviennent", explique le syndicat.

Ils seront prochainement reçus à leur demande à la chancellerie.

L'Obs

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