mardi 30 août 2016

« Cette cloche sonnait les exécutions »

Michel Rouchy a reçu en héritage l'objet censé avoir orné les murs de l'ex-prison de la Roquette (Paris XIe)


Il préfère qu'elle reste muette... Depuis qu'il a reçu en héritage, il y a maintenant près de 10 ans, une cloche censée avoir orné les murs de l'ex-prison de la Roquette, alors située dans le XIe arrondissement à Paris, Michel Rouchy, un ancien Parisien aujourd'hui domicilié à Sucy-en-Brie, n'a jamais fait tinter le petit instrument. Question de superstition peut-être.


Il faut dire que la cloche de l'ancienne prison (que l'oncle de Michel avait « récupérée » lors de la démolition des derniers bâtiments pénitentiaires dans les années 1970) avait une fonction plutôt glaçante ! « Elle sonnait les exécutions », explique Michel à qui son oncle a souvent raconté l'histoire de la grande et de la petite Roquette.

Liens commerciaux :



Ces deux prisons, construites en 1830 et 1836 (à l'emplacement de l'actuel square de la Roquette) ont longtemps accueilli les condamnés à mort de Paris. La guillotine était installée devant leur porte. « A l'époque, ils expédiaient les gars en public », rappelle Michel Rouchy, avec le ton neutre de l'ancien combattant dont les médailles décorent le petit pavillon. « Après l'exécution, le corps était rentré dans la prison. Et quand le cercueil ressortait, on sonnait la cloche. » Durant la seconde moitié du XIXe siècle, sa note à la fois profonde et lugubre a retenti près de 70 fois au-dessus de Paris.

Après la fin des exécutions publiques, la prison de la grande Roquette a été rasée en 1900. Mais sa voisine d'en face, la petite Roquette, transformée en prison pour femmes, a gardé une vocation pénitentiaire jusqu'à sa fermeture et sa destruction en 1974. C'est à cette époque que Maurice, l'oncle de Michel qui travaillait sur le chantier de démolition, se serait arrangé pour récupérer la cloche qu'il a ensuite emportée à Tarbes (Hautes-Pyrénées) lors de son départ en retraite. « Elle le fascinait », se souvient Michel Rouchy. « Il m'en parlait à chaque fois qu'on lui rendait visite. Il disait toujours, ma cloche, ma cloche, ma cloche... Il me l'avait promise dans son héritage », rappelle le retraité val-de-marnais qui a finalement récupéré le carillon « patrimonial » en 2007 quand son oncle est décédé peu avant ses 100 ans.

Moins « passionné » que son aïeul, Michel Rouchy a proposé de remettre la cloche au musée de sa commune (dont il a été un temps conseiller municipal). « Mais cet objet n'a aucun rapport avec Sucy-en-Brie. Ils n'ont pas été intéressés. C'est dommage. J'ai 88 ans et pas d'enfant à qui la donner. Cette cloche a une histoire. Ce serait triste qu'elle termine dans la cave de mon pavillon. »

Le Parisien

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...