Un septuagénaire au solide pedigree judiciaire a été condamné vendredi à six mois de prison pour tentative d’extorsion de fonds de son ancien avocat. Le tribunal l’a relaxé sur les violences.
Le 12 juillet, Guy Teboul, un retraité parisien de 73 ans, connu pour escroqueries et stup, avait fait irruption en compagnie d’un homme non identifié au cabinet de son ancien avocat, rue Paradis, lui réclamant 5 000 euros.
« Si tu ne me rends pas les sous dans les 48 heures, tu es mort ! », avait crié le prévenu que son ami retenait du bras. « Tu vas payer, tu vas rembourser, je vais te crever ! », se souvient sa consœur qui a appelé la police.
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A l’époque, l’avocat avait été désigné d’office par le bâtonnier pour assurer la défense du prévenu dans un gros dossier de narcotrafiquants. Guy Teboul l’avait gardé pour cette « grosse affaire », comme il dit, qui lui avait valu en avril 2010 10 ans d’emprisonnement comme logisticien dans l’importation sur Rotterdam de 176 kg de cocaïne péruvienne pure à 99%. La drogue était introduite dans des tubes en plomb à l’intérieur d’un chargement de madriers. Le dossier à 16 prévenus mêlait des membres de la Camora à un ancien de la French Connection.
« Si j’avais pris un ténor cela n’aurait rien changé »
L’avocat molesté qui se plaignait de coups au visage (un jour d’ITT) n’était pas présent hier, ayant renoncé à se constituer partie civile « au vu des excuses particulièrement motivées » que lui a adressées le prévenu en détention. Le juriste a raconté que cet ancien client qu’il n’avait jamais revu l’avait déjà menacé dans un courrier « disant expressément qu’il allait s’occuper de moi ». A ses yeux, c’est la condamnation à 10 ans « qui a tout fait basculer ».
« Je suis confus de tout ça », a déploré le septuagénaire aux 14 mentions sur le casier, un homme calme et posé dans le box. De livrer sa version. « Ma sœur venait de m’apprendre qu’elle avait dû faire un crédit pour payer les 5 000 euros qu’il lui avait demandés dans mon dos alors que mon frère avait déjà réglé les honoraires ! A l’époque c’était un ami de la famille, c’est pour ça que je l’avais pris », ajoute-t-il niant vigoureusement les violences. « Il a inventé les coups parce que c’est un péteux. Je lui avais écrit qu’il avait été moins que rien dans la grosse affaire car il n’avait pas plaidé et j’ai pris 10 ans. C’est vrai que je n’avais pas fait appel du jugement car je voulais faire au plus vite ma conditionnelle. » « Je sais que si j’avais pris un ténor cela n’aurait rien changé », a toutefois reconnu le retraité de la coke qui précise : « J’ai eu des dizaines d’avocats et je n’ai jamais été leur réclamer leurs honoraires en cas d’insuccès. Si j’ai prononcé ces mots, c’est de colère. » L’accent gaullien, il lance : « A 73 ans, je ne vais pas me mettre à tuer des gens ! Je suis saturé de prison, j’en peux plus, je veux finir ma vie tranquille. »
Le parquet a requis un an d’emprisonnement avec mandat de dépôt pour la tentative d’extorsion, pas convaincu sur les coups. « Peu importe l’origine fondée ou pas du litige, il y a des instances de régulation pour contester les honoraires. La vengeance privée est inadmissible. On ne peut ignorer son passé judiciaire avec 14 mentions au casier et il bénéficiait d’une libération conditionnelle », a dit la substitute Sophie Mercier.
A dossier délicat, défense de velours. Son nouveau défenseur a relativisé la scène : « Il aurait dû prendre rendez-vous mais il n’a pas brûlé la porte, il n’est pas venu pour en découdre, il n’a pas frappé, il est resté dans le hall. » Au prononcé de la décision - 6 mois sans mandat de dépôt - la présidente a eu ce commentaire souriant mais implacable : « Vous payez votre avocat et vous, maître, vous ne demandez pas 5 000 euros en plus. »
La Marseillaise
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