jeudi 25 août 2016

Trafic de drogue en prison : un nouveau rebondissement

L’enquête sur le trafic de stupéfiants organisé depuis la prison de Vivonne se déplace vers celle de Périgueux et la ville de Lille.

Depuis leur cellule, des détenus sont soupçonnés de continuer à gérer leur trafic de drogue. - Depuis leur cellule, des détenus sont soupçonnés de continuer à gérer leur trafic de drogue.

 Les enquêteurs n'en finissent pas de dérouler la pelote des " embastillés " suspectés de continuer à mener à bien leurs affaires depuis leur cellule.



Un nouveau rebondissement vient d'avoir lieu dans l'enquête conduite depuis la fin du mois de juin par des juges d'instruction de Poitiers : Steven Avinin, un des mis en examen, incarcéré à Périgueux, déjà soupçonné d'avoir permis d'alimenter en cannabis notamment la prison de Vivonne avant son arrestation, est désormais suspecté d'avoir continué à trafiquer de l'héroïne depuis qu'il est à l'ombre !

Elle reçoit le feu vert pour parler en garde à vue

Liens commerciaux :



Ces nouveaux éléments sont apparus, hier, à la faveur d'une audience qui se tenait devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Poitiers. Une jeune femme de Poitiers et un jeune homme de 20 ans, lui aussi de Poitiers tentaient d'obtenir leur remise en liberté. Sans succès. Ils restent en détention provisoire depuis leur mise en examen pour trafic de drogue et association de malfaiteurs.

Le premier volet de l'affaire débute en avril quand le directeur du centre pénitentiaire de Vivonne signale au parquet l'existence d'un nouveau trafic de drogue dans l'établissement. Il implique un détenu déjà condamné pour avoir fait entrer de la drogue dans la prison et son cousin.

A l'extérieur, c'est Steven Avinin, qui est présenté par la justice comme le fournisseur alimentant ceux qui introduisent le cannabis en prison via un cuisinier. Il est aussi suspecté d'arroser du côté de Tours et du Lochois.

Le 24 juin dernier, il est placé en détention à Périgueux et les enquêteurs continuent à l'écouter attentivement. Depuis sa cellule, d'après la présidente et l'avocat général, il poursuit la gestion de ses affaires avec un portable introduit illégalement. C'est le nouveau volet de l'affaire.

La drogue ne viendrait désormais plus de Lyon mais de la région lilloise. Les 5 et 6  août, trois interpellations sont menées : l'ex-compagne de Steven Avinin est arrêtée, mise en examen et incarcérée, tout comme un jeune étudiant de Poitiers présenté comme son homme de confiance ainsi qu'un dénommé Farid Cheniti, dit Le Lillois, suspecté d'être le fournisseur en héroïne.

Quand la PJ veut l'arrêter alors qu'il repart avec un sac lesté de 12.000 €, il s'en débarrasse et tente de prendre la fuite. A son domicile, lors de l'arrestation, Fatima Zohra Kaddour, l'ex de Steven, jette par la fenêtre un peu de haschich et une carte SIM.

 « Au début vous ne disiez rien et puis suite à un appel reçu par votre mère vous apprenez que Seven Avinin vos autorise à tout dire », raconte la présidente. Cette scène surréaliste se passe alors qu'elle est en garde à vue !

 « J'ai juste voulu lui rendre service par amour », redit la jeune mère de famille. « Je me doutais qu'il trafiquait un peu, il me disait que c'était pour régler une dette. Moi je n'en voulais pas de cet argent. Je lui en veux beaucoup. »

L'avocat général pointe un rôle plus actif avec la réception des mains d'une mule, début juillet, d'un kilo d'héroïne, reconditionné en vue de sa revente et confiée à un autre individu. Et puis il y a cette somme de 12.000 € collectée et conservée pour la remettre au Lillois.

 « C'est un nouveau dossier qui débute, une nouvelle branche. Il reste encore des personnes à identifier et à interpeller, le principal mis en cause n'a pas été entendu par le juge », liste l'avocat général Thierry Phelippeau. « Il nous faut déterminer le rôle de chacun. »

Si Zohra endosse à peu près celui qui lui est attribué par la justice, Hereba Guirassy, un jeune étudiant en AES de 20 ans, inconnu de la justice, ne veut pas du costume « d'homme de confiance de Steven Avinin ».

 « C'est un copain, je lui ai rendu service, des gens lui devaient de l'argent, je devais le ramener », assure-t-il. Il conteste tout rôle actif et surtout l'accusation d'avoir démarché le Lillois pour une commande de 15 kg de shit.

repères

“ Le dossier débute en prison, pourquoi les y laisser ? ! ”

A tour de rôle, Maîtres Souet et Bourdier, entonnent le même air pour soutenir la remise en liberté de leur client. Il y a la jeunesse, ce casier judiciaire vierge ou si léger, une famille proche qui encadre, des liens familiaux et/ou professionnels qui garantissent une absence de fuite. Et puis, il y a cette particularité de trafic qui prospère si bien à l'ombre des prisons. « Le dossier débute en prison », note Me Bourdier. « Pourquoi les y laisser ? ! Ce dossier a très largement démontré que ce n'était pas la panacée ! » L'inscription en fac d'Hereba au casier vierge et sa volonté de poursuivre son brevet d'animateur ne convainquent pas le tribunal.

Zohra a un casier vierge, elle a reconnu les faits, mais elle se retrouve en détention, s'étonne Me Souet. « Elle n'a tiré aucun bénéfice dans cette affaire. Et puis l'histoire de la concertation avec son ex ne tient pas. C'est notre cabinet qui le défend lui aussi ! Il n'y a pas de raison de laisser cette mère d'un enfant de deux ans en détention. » Au passage, l'air de rien, Me Souet lâche un sentiment qui prospère à bas bruit parmi les avocats : pendant l'été, les vacations de la chambre de l'instruction ne voient sortir personne. Zohra, comme d'autres, va patienter quelques semaines avant de tenter à nouveau sa chance.

La Nouvelle République

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...