C’était il y a tout pile quinze ans. Deux détenus de l’ancienne maison d’arrêt de Loos, aujourd’hui en pleins travaux de déconstruction, quittent leur cellule commune en nouant leurs draps et en sciant les barreaux.
Parfois, la réalité dépasse la fiction. Vendredi 10 août 2001, Bruno Bastide, 29 ans, et Daniel Wolf, 33 ans, se réveillent très probablement un peu anxieux. C’est le jour J, celui de leur belle, que ces deux compagnons de cellule préparent depuis plusieurs jours.
« Une longue observation des habitudes et un brin de chance ont servi les deux hommes, dont la démarche avait été mûrement réfléchie », écrit La Voix du Nord le lendemain. Les deux jeunes hommes, originaires de Lille-Sud, se trouvent en détention provisoire, dans le cadre de deux informations judiciaires ouvertes en mai et en juillet.
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Aux alentours de 9 h 15, les deux co-détenus scient les barreaux de leur cellule commune, située au troisième étage de la prison, qui fermera dix ans plus tard.
Par la fenêtre, ils déroulent une corde faite de draps noués, glissent le long, et se retrouvent vite en bas. Le surveillant en poste au mirador ouvre le feu, mais ne les touche pas. Il faut savoir qu’aujourd’hui, les surveillants pénitentiaires n’ont droit qu’à une séance de tir par an...
Changement de tactique ; le duo ne sortira pas par la porte, mais en escaladant le haut mur d’enceinte.
Pour ce faire, les deux hommes prennent en otage le conducteur d’un camion venu effectuer une livraison, à l’aide d’un couteau « fabriqué maison », afin que ce dernier se gare contre le mur. Ils peuvent ainsi monter sur le camion, et sautent vite dehors. La liberté.
Il ne s’agit pas de se laisser griser. Les deux hommes, « que personne visiblement n’est venu attendre, franchissent un parking, une voie ferrée, et sautent prestement par-dessus les glissières de sécurité de l’A25, à moins de 100 mètres de la prison », écrit La Voix qui note « une certaine improvisation ».
Les fuyards agitent les bras, et arrêtent une Audi 80 grise, dans le sens Dunkerque-Lille. La conductrice, une informaticienne de 52 ans habitant Haisnes-lez-la-Bassée, a d’abord « cru à un accident ». Le simili-couteau sous la gorge, la quinquagénaire se met à prier à voix haute. Et s’entend répondre cette phrase surréaliste : « N’ayez pas peur, nous sommes des évadés... » Elle est relâchée un peu plus loin, au niveau du port fluvial. Gageons que cette dame s’en souvient encore.
Que sont-ils devenus?
Nous avions retrouvé en 2014 la trace de Daniel Wolf, aujourd’hui âgé de 47 ans. L’homme était alors incarcéré à la maison d’arrêt de Sequedin. Il avait été interpellé suite à l’évasion de 2001, et remis en liberté après avoir purgé une première peine.
Il était, il y a deux ans, emprisonné pour une nouvelle peine, ayant trait à des faits de fraude et de détournements de biens. À Sequedin, il est surveillé de très près... pour suspicion de velléités d’évasion. Il y est toujours, de source pénitentiaire. En revanche, pas de nouvelles de Bruno Bastide.
La Voix du Nord
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