lundi 8 août 2016

La maison d'arrêt de Nîmes occupée à 207%, "une situation qui dure"

Manuel Valls et Jean-Jacques Urvoas se sont rendus ce lundi matin à la prison de Nîmes. Particulièrement surpeuplé, l'établissement pénitentiaire est le théâtre de violences et souffre de conditions d'hygiène déplorables.

La maison d'arrêt de Nîmes a reçu la visite de Manuel Valls et de Jean-Jacques Urvoas

La maison d’arrêt de Nîmes déborde. Avec un taux d’occupation de 207%, et des pics à 240% selon les syndicats, la prison est l’une des plus surpeuplées de France.



Au 1er juillet, 357 détenus se pressaient derrière ses barreaux alors que la capacité d’accueil est de 192 places.

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Cette surpopulation existe "depuis son ouverture" en 1974, indique Bernadette Jonquet, déléguée locale de l’Observatoire international des prisons (OIP) sur BFMTV . Cette prison "n'a jamais été rénovée, les cellules sont dans un état qui laisse à désirer, les murs s'effritent, il n'y a pas d'aération". Les syndicats de surveillants, l'OIP et les détenus eux-mêmes dénoncent régulièrement une situation critique.

L'Etat déjà condamné

En mars 2015 quatre détenus saisissaient la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) afin de réclamer de l’Etat une mobilisation "de moyens matériels et financiers pour faire cesser immédiatement les traitements inhumains et dégradants auxquels le soumettent ses conditions de détention", indiquait l’OIP. L’avis sera rendu en 2017.

Si Manuel Valls et Jean-Jacques Urvoas se sont rendus ce lundi à la maison d'arrêt de Nîmes, le ministère de la Justice connait bien la situation.

"L'année dernière l'Etat a été condamné par le Conseil d'Etat, c'est une situation qui dure et aucune décision n'a été prise dans l'année", déplore Bernadette Jonquet.

En juillet 2015, le Conseil d’Etat a en effet ordonné à l’administration de "prendre toutes les mesures nécessaires" pour améliorer les conditions de détention. Depuis, des couvertures et des kits de ménage ont été distribués aux détenus.

40 matelas à même le sol

Les conditions d’hygiène, l’espace dédié aux détenus, les activités socioculturelles trinquent face à cette surpopulation. Jusqu’à trois personnes peuvent partager une cellule de 9 mètres carrés équipée pour seulement deux détenus, rapportait le Contrôleur général des lieux de privation de liberté lors d’une visite en 2012. Aujourd'hui, 40 détenus dorment sur des matelas à même le sol ou sur des armoires. Il ajoutait:

"Dans certaines de ces cellules, les détenus ont positionné une armoire au sol sur le côté afin d'y placer le matelas supplémentaire, ce qui leur évite de dormir par terre".
Dans ce contexte, les tensions sont nombreuses entre les détenus, répartis arbitrairement.

Il n’est "pas possible de séparer les personnes prévenues des personnes condamnées, les primo délinquants des personnes faisant partie du grand banditisme, les fumeurs des non-fumeurs", précisait le Contrôleur général des lieux de privation de liberté.

Tensions et violences

Les violences sont aussi exacerbées à l'encontre des surveillants. Depuis le début de l’année, 18 agressions de surveillants ont été recensées, contre 25 en 2015.

"On peut comprendre que la violence augmente entre les détenus et envers le personnel pénitentiaire", estimait Yoann Karar, délégué national FO pénitentiaire sur BFMTV.

"Irrémédiablement, il y a un lien entre la violence et la surpopulation", ajoute le délégué, qui chiffre à 3.000 le nombre de surveillants pénitentiaires manquants dans tout le pays. Au 1er juillet, la surpopulation carcérale a atteint le chiffre record de 207%. Les prisons françaises rassemblent 69.375 détenus pour 58.311 places.

Aujourd'hui, l'OIP souhaite que "l'Etat prenne ses responsabilités" à Nîmes, indique Bernadette Jonquet. En offrant "des moyens pour la détention, se soigner, trouver du travail" et établir "un suivi d'insertion", car "rien n'a été fait".

BFM TV

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