Le poids des mots, le choc de la sanction. Jugé à Nancy, Manuel Eck, un jeune prisonnier du centre de détention d’Ecrouves, a payé très cher, ce vendredi, une hallucinante poussée de violence verbale.
Son invraisemblable écart de langage remonte au 26 avril dernier.
Des policiers viennent le chercher dans sa cellule pour le ramener dans son logement du quartier sensible de Borny à Metz où ils viennent de découvrir des armes et de la drogue, lors d’une perquisition.
Le jeune homme, qui est emprisonné depuis trois ans pour une affaire d’agression et qui doit en principe sortir en octobre, comprend tout de suite qu’il va reprendre quelques mois de prison supplémentaires. D’où un coup de colère. Certes, il ne frappe pas les policiers et les surveillants. Mais les mots qu’il prononce font mal.
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Il commence par ce qui est devenu presque un classique en matière de menaces : « Je reviendrai avec une kalach vous rafaler ».
La suite est terrifiante : « Devant ma télé, le 13 novembre (jour de la tuerie du Bataclan, NDLR) , je jubilais. C’était le 14-Juillet, c’était comme un feu d’artifice. »
La phrase, prononcée en avril, est presque prémonitoire de l’attentat au camion fou de la promenade des Anglais de Nice ce 14 juillet. Ce qui rend encore plus choquant les mots qui suivent : « Je rêve de revoir des Français agonisant au sol pour leur cracher dessus. Je vais aller en Syrie me radicaliser. Je ne suis plus Français. »
« J’ai voulu choquer »
Grand, brun, coupe de cheveux hérisson, mal rasé et tee-shirt bariolé, le prévenu affirme regretter chaque mot : « J’étais énervé. J’ai surfé sur l’actualité. Mais ce n’est pas le fond de ma pensée. J’ai voulu choquer en disant des choses monstrueuses. »
La présidente Capron tique : « C’est trop facile comme explication ! » Et d’entamer un dialogue tendu avec le prisonnier pour savoir ce qu’il a derrière la tête. « Vous pratiquez l’islam ? » Réponse sèche : « Non pas du tout. » La présidente attaque sous un autre angle : « Vous n’avez pas d’amour pour votre pays ? » Le prisonnier réplique du tac-au-tac : « Si ! J’ai beaucoup d’amour pour mon pays. » La présidente revient à la charge : « Et pourtant, c’est comme cela que vous en parlez, de votre pays ? » Le prévenu se défend jusqu’au bout : « Uniquement durant 5 minutes dans ma vie. »
Moue sceptique du vice-procureur Journo : « Je ne suis pas convaincu par ces explications. » Et de requérir 14 mois de prison ferme. Après avoir rappelé que le détenu est « un pur Lorrain qui n’a jamais mis les pieds dans une mosquée », l’avocate de la défense, Me May Nalepa plaide la thèse du pétage de plombs déconnecté de toute tentation djihadiste.
« Mon client a d’abord injurié les policiers. Voyant qu’ils ne réagissaient pas, il a alors, comme un gamin, sorti ces propos pour les provoquer », développe l’avocate. Le tribunal reste de marbre. Jugement : 18 mois de prison ferme.
Vosges Matin
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