Reconnue coupable d'avoir tué son mari violent de trois coups de fusil, puis graciée par François Hollande, sa demande de libération a été rejetée.
Condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent, cette femme de 68 ans a ensuite été graciée par François Hollande, devenant ainsi le symbole des violences conjugales. Le parquet qui avait pris des réquisitions favorables à la remise en liberté de cette femme de 68 ans, devenue un symbole des violences conjugales, "va faire appel", a ajouté la procureure.
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C'est au sein de la prison de Réau (Seine-et-Marne), où Jacqueline Sauvage a été transférée début février pour subir une expertise psychologique et médicale destinée à « évaluer » sa « dangerosité », que le tribunal d'application des peines (TAP) a siégé pour rendre sa décision sur sa demande de libération conditionnelle présentée à la suite de sa grâce.
Le parquet de Melun a pris des réquisitions favorables à la remise en liberté de la sexagénaire, condamnée en appel en décembre à dix ans de prison par la cour d'assises du Loir-et-Cher pour le meurtre de son mari, qui la battait depuis des années et avait violé ses filles. « C'est un dossier qui remplit toutes les conditions d'une libération conditionnelle », avait dit à l'AFP le procureur de Melun, Béatrice Angelelli, qui avait prévu de faire appel si le tribunal rendait une décision défavorable.
Jacqueline Sauvage avait été reconnue coupable, en première instance comme en appel, d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012, après 47 ans d'enfer conjugal. Lors de l'audience, ses trois filles avaient témoigné violemment à charge contre leur père, entrepreneur d'une société de transport, mort à 65 ans. Toutes trois ont été violées, battues comme l'était leur mère. Leur frère, également victime des violences de son père, s'était suicidé la veille du jour où leur mère a tué son mari. « Notre père est décédé, et pour moi, c'est un soulagement », avait lancé aux jurés l'une de ses filles, violée à l'âge de 16 ans et victime de graves violences alors qu'elle était devenue une adulte.
"Une situation humaine exceptionnelle"
La condamnation en appel avait suscité une vague de mobilisation, et la demande de grâce présidentielle formulée par ses filles avait été appuyée par de nombreux parlementaires et personnalités. Un comité de soutien s'était constitué, réunissant notamment la maire PS de Paris Anne Hidalgo, l'écologiste Daniel Cohn-Bendit et le cofondateur du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon. Une pétition « Libérez Jacqueline ! » avait recueilli 400 000 signataires dans toute la France.
« Monsieur le Président, notre mère a souffert tout au long de sa vie de couple, victime de l'emprise de notre père, homme violent, tyrannique, pervers et incestueux », avaient plaidé les filles de Jacqueline Sauvage, Sylvie, Carole et Fabienne, dans une lettre adressée au chef de l'État. Deux jours après avoir reçu à l'Élysée ses trois filles et ses avocates, François Hollande avait accordé le 31 décembre une grâce présidentielle à Jacqueline Sauvage, en vertu du droit de grâce que lui accorde la Constitution. « Face à une situation humaine exceptionnelle », le président de la République a voulu « rendre possible, dans les meilleurs délais, le retour de Jacqueline Sauvage auprès de sa famille », mais « dans le respect de l'autorité judiciaire », avait alors déclaré l'Élysée.
François Hollande n'a exercé qu'une seule fois ce droit de grâce, en janvier 2014, permettant la libération conditionnelle du plus ancien détenu de France, Philippe El Shennawy, sans éteindre sa peine. À l'issue de l'« évaluation » de la « dangerosité » de la condamnée, la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté, où siègent notamment le préfet du département et un bâtonnier, a émis un « avis défavorable » à sa libération. Mais cet avis reste consultatif. Si la décision du tribunal d'application des peines s'avère favorable à la remise en liberté de Jacqueline Sauvage, « elle sera nécessairement assortie d'une surveillance électronique », avaient indiqué à l'AFP ses avocates, Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta.
Le Point
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