mercredi 4 janvier 2017

Liancourt : promis, les détenus ne ramasseront plus les objets lancés de l’extérieur

A la prison de Liancourt, pour régler un problème qui semblait jusque-là insoluble, on a décidé de faire confiance aux détenus.


C’est le sens de la charte de bonne conduite qui vient d’y voir le jour. Son objectif : mettre fin à la récupération par les prisonniers d’objets lancés depuis l’extérieur.


Depuis l’ouverture du centre pénitentiaire en 2004, plusieurs fois par semaine, Maxime*, un riverain, assiste en effet au même ballet.

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Des voitures qui s’arrêtent quelques secondes, avant de s’évanouir dans la nature. Quelques secondes, c’est le temps nécessaire aux proches des détenus pour lancer téléphones, cannabis et divers objets par-dessus les murs de l’enceinte de la prison.

Ce petit rituel se concentre à un endroit bien précis, car facile d’accès depuis la route. Le bâtiment accessible par les « projeteurs », qui risquent un an de prison et 15 000 € d’amende, va donc être désormais réservé aux détenus de bonne volonté. Les signataires de la charte s’engagent notamment à dénoncer toute projection.

En échange, ils bénéficieront dans leur bâtiment d’un régime d’incarcération plus souple, avec des cellules ouvertes à certains moments de la journée. « Le but c’est de leur faire confiance, note un responsable. On avait envisagé la construction d’un fossé, mais il aurait été contourné. »

500 téléphones saisis en 2015

La cour de promenade du futur bâtiment, qui sera baptisé « Respect », terme inspiré d’une initiative espagnole, ouvrira en février. Elle devrait être plus simple à gérer pour les gardiens, qui ont pu compter « jusqu’à 100 projections au cours d’un week-end, remarque Jérémy Jeanniot, du syndicat Force ouvrière.

Nous avons saisi, dans la prison, plus de 500 téléphones en 2015. Ce bâtiment permet de tenter une autre approche. Sans certitude quant à son succès toutefois. » « La réorganisation devrait mettre fin à cette pratique, affirme l’administration pénitentiaire. Les détenus ont tout à y gagner. »

Pour mettre fin définitivement à ce problème, la création d’une police pénitentiaire, autorisée à tourner autour de la prison et à procéder à des interpellations, serait selon nos informations à l’étude. Un moyen de soulager les gendarmes de Liancourt, très régulièrement appelés à intervenir à proximité de la prison.

*Le prénom a été changé.

Les objets interdits en prison, un phénomène difficile à endiguer

Pour les surveillants de la prison de Liancourt, les projections d’objets venus de l’extérieur ne sont qu’une partie du problème.

« Ce n’est malheureusement pas le seul moyen, pour les détenus, de faire entrer des téléphones ou du cannabis, estime Jérémy Jeanniot, délégué Force ouvrière.

Des objets interdits sont apportés lors des parloirs. »

Depuis 2009, les surveillants ne sont plus autorisés à fouiller intégralement et systématiquement les détenus après un parloir. Une pratique jugée humiliante à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme. Autre souci, un matériel parfois daté.

« Les détecteurs de métaux ne remarquent pas les couteaux en céramique, note Jérémy Jeanniot. Mais pour nous, ils sont aussi dangereux. » Certaines prisons ont, pour renforcer la sécurité, installé des scanners. Sauf que la machine coûte 500 000 € et qu’il y a, en France, 250 prisons à équiper…

Le Parisien

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