jeudi 1 décembre 2016

Éradiquer les téléphones en prison, mission impossible ?

Des détenus de la prison de Villepinte se sont mis en scène sur Facebook, samedi 26 novembre, grâce à leur téléphone portable.


L’affaire, la énième du genre, rappelle combien la chasse aux portables en prison reste illusoire.



Des détenus de la prison de Villepinte se sont mis en scène sur Facebook, samedi 26 novembre, grâce à leur téléphone portable. L’affaire, la énième du genre, rappelle combien la chasse aux portables en prison reste illusoire.

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En soi, la vidéo mise en ligne sur Facebook par des détenus de Villepinte ne présente pas grand intérêt : On y voit un petit groupe de jeunes se filmer, pour l’un d’eux paradant un joint de cannabis aux lèvres.

Les images sont en revanche symboliquement accablantes pour l’administration pénitentiaire, elle qui bataille quotidiennement et en vain pour intercepter les téléphones des détenus.

30 000 téléphones découverts en 2016

Les portables sont massivement présents en prison. Pour preuve, 31 084 ont été saisis en 2015. Depuis le début d’année, les agents ont fait main basse sur plus de 30 000 téléphones, soit trois fois plus qu’il y a cinq ans. En clair, le phénomène semble impossible à endiguer.

Un modèle a particulièrement la cote en détention : il s’agit du modèle « Fleury », en référence à la célèbre maison d’arrêt. S’échangeant entre détenus entre 300 et 400 €, il est de taille minuscule. Il entre en détention de deux façons : soit par pièce détachée via les parloirs, soit en étant envoyé en cours de promenade depuis l’extérieur.

Continuer le "business" depuis sa cellule

De quoi permettre aux détenus de continuer leurs trafics. « Car soyons clairs, s’ils prisent autant les portables, ce n’est pas pour appeler la famille en cas de coups de blues, persifle un directeur de prison. Pour cela, ils utilisent les téléphones fixes présents un peu dans l’établissement. Non, le portable, c’est pour parler de façon clandestine. »

« Il permet aux détenus de continuer leur business depuis leur cellule », fustige le sénateur Antoine Lefevre (LR), qui réclame dans un rapport publié la semaine dernière une systématisation du brouillage en détention. « D’autres l’utilisent pour faire pression sur leurs victimes », poursuit l’élu. D’autres encore, à l’entendre, prendraient en photo les plaques d’immatriculation des voitures des surveillants, remonteraient ainsi jusqu’à l’adresse de leur domicile pour menacer leur famille.

Les portables seraient même présents en quartier disciplinaire, là où les détenus ne disposent a priori que du strict minimum. En témoigne une anecdote rapportée par le journaliste David Thomson dans son ouvrage consacré aux parcours de djihadistes français (Les Revenants) : un détenu, placé au « mitard », gardait contact avec ses codétenus en leur donnant des « cours de religion » par téléphone.

Les couacs du brouillage

Place Vendôme, on se dit conscient du problème. Des crédits spécifiques ont été débloqués pour empêcher – en tout cas limiter – les projections d’objets depuis l’extérieur (pose de filets, glacis, renforcement du système de vidéoprotection). Par ailleurs, le régime des fouilles à nu – qui avait été encadré ces dernières années – vient d’être à nouveau étendu pour permettre aux chefs d’établissement d’ordonner des fouilles généralisées, notamment après les parloirs.

Certains établissements disposent de brouilleurs d’ondes. Mais les ratés sont nombreux. D’abord parce que la plupart d’entre eux bloquent la 3G, mais pas la 4G… Ensuite parce que, mal réglé, ce dispositif peut dérégler le wi-fi des riverains de la prison.

À la demande de la chancellerie, de nouveaux brouilleurs sont actuellement en train d’être testés. Le dispositif retenu devra pouvoir s’adapter aux évolutions technologiques à venir. L’exécutif a débloqué quinze millions d’euros pour équiper prochainement les établissements.

L’Imsi-catcher, une panacée ?

Mais la vraie nouveauté réside ailleurs. Depuis la loi anti-terroriste du 3 juin 2016, les prisons peuvent en effet s’équiper d’IMSI catcher, ces ordinateurs capables de localiser les téléphones dans un périmètre donné et d’intercepter les conversations...

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