mercredi 14 décembre 2016

Une conseillère d'insertion et de probation risque une sanction pour avoir parlé dans la presse

Elle a dénoncé dans les médias l'obligation pour les CPIP de remplir une fiche de renseignement, indiquant si une personne présente des signes de radicalisation.

La prison de Lille-Annoeullin (Nord), le 11 octobre 2015.

La Chancellerie doit désormais décider si elle suit l'avis de la commission de la discipline.


Une conseillère d'insertion et de probation va-t-elle être sanctionnée pour avoir parlé dans la presse ?

Pour avoir exprimé dans les médias ses craintes sur la politique de prévention de la radicalisation menée en prison, Mylène Palisse, conseillère pénitentiaire d'insertion et de probation (CPIP) syndiquée à la CGT, risque une exclusion de sept jours avec sursis. Elle a été entendue en commission de discipline, mardi 13 décembre.

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La direction de l'Administration pénitentiaire reproche à cette personne chargée de préparer la sortie de prison des détenus d'avoir dévoilé dans L'Humanité, le 13 avril 2016, une grille d'évaluation adoptée dans le cadre de la lutte antiterroriste.

Après un entretien avec un détenu, les CPIP sont dorénavant obligés de remplir une fiche de renseignement, indiquant si la personne présente ou non des signes de radicalisation.

Des critères tels que : "Présente des signes physiques et ostensibles de sa confession", "évoque un sentiment d'injustice, ressentiment, victimisation", ou encore "présente une faible estime de soi".

"L'administration pénitentiaire nous met en danger"

Des énoncés jugés douteux par Mylène Palisse. "A lire ça, tout le monde se radicalise", ironisait-elle dans les colonnes de L’Humanité.

Expérimenté dans plusieurs établissements pénitentiaires français depuis 2015, le dispositif a été généralisé en septembre 2016, indique Mediapart.

Soutenue par un collectif des syndicalistes d'insertion et de probation, Mylène Palisse dénonce une nouvelle tâche qui se ferait au détriment de sa mission principale de réinsertion.

"La base de notre travail est d'établir un lien de confiance. Si on est vus comme des agents de renseignement, on ne peut plus faire notre travail", assure auprès de franceinfo Delphine Colin, secrétaire nationale de la CGT Insertion-Probation, au sortir de la commission de discipline de Mylène Palisse.

Les CPIP redoutent également une confusion des rôles entre surveillants, policiers et agents du renseignement pénitentiaire auxquels les CPIP communiquent leurs évaluations. "L'administration pénitentiaire nous met en danger", lance Delphine Colin.

La balle est dans le camp de la Chancellerie

Symbolique, car assortie de sursis, la sanction qu'encourt Mylène Palisse n'en reste pas moins une atteinte à son statut de syndicaliste, assure-t-elle. "Je ne peux pas accepter cette restriction de liberté syndicale", explique mardi la travailleuse sociale, interrogée par franceinfo.

C'est désormais au ministère de la Justice de décider de suivre ou non l'avis de la commission de discipline. "Le combat n'est pas terminé", assure Delphine Colin.

Franceinfo

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